L’association la Cape forme des chiens à accompagner les personnes en état de stress post-traumatique. Une première en France.
Marcher au pied, rapporter, s’asseoir… À presque six mois, Rio est en pleine formation. Et, dans un an et demi, ce jeune golden retriever deviendra officiellement le premier chien accompagnateur de personnes en état de stress post-traumatique en France. Un honneur qu’il devra à Benjamin Borg, un ancien maître-chien et sapeur pompier toulousain. En juin dernier, celui-ci a fondé la Cape, une association de chiens d’assistance dédiée à ce handicap particulier.
La passion de l’assistance et du secourisme, Benjamin Borg l’a toujours eu. Fils d’une infirmière, il s’engage à 14 ans au sein des jeunes sapeurs pompiers. À peine a-t-il soufflé sa dix-huitième bougie que celui-ci devient professionnel et, rapidement, intègre le bataillon des marins-pompiers de Marseille. Son amour des chiens, lui, est plus tardif. C’est à son retour à Toulouse, alors qu’il est muté au sein du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) de la Haute-Garonne, que Benjamin Borg achète son premier retriever, des chiens reconnus pour leur grande obéissance. « C’est à ce moment que j’ai découvert tout milieu cynophile. Les concours, l’élevage, le travail avec les chiens », raconte Benjamin Borg. Rapidement, celui-ci décide de lier son métier et sa passion. Et, en 2012, il intègre l’équipe cynotechnique du CDIS 31.
Quatre ans plus tard, le nouveau maître-chien veut approfondir son travail avec l’animal. Il décide alors de quitter l’uniforme pour exercer en tant que formateur, puis d’éleveur, au sein d’une école de chiens guides d’aveugles. « Dans ce cadre, je me suis rendu compte que beaucoup d’associations étrangères avaient une activité dédiée aux vétérans de guerre ou à des personnes victimes de stress post-traumatique. Mais que, curieusement, en France personne n’avait développé cette pratique », explique Benjamin Borg.
Peu à peu l’idée fait son chemin et s’impose comme une évidence. Notamment quand il entend parler de la 131e victime des attentats du Bataclan, un rescapé qui, brisé psychologiquement, a fini par se suicider. Ou quand il apprend que les enfants de l’école Otzar Hatorah, à Toulouse, sont toujours suivis huit ans après l’attentat. Autant de cas qui décident Benjamin Borg à concrétiser son projet. « J’avais l’envie ainsi que les compétences et, visiblement, il y avait un besoin », résume le fondateur de la Cape. Outre les victimes d’attentats, celui-ci est convaincu que ce dispositif peut également s’adresser aux anciens militaires ou secouristes qui, dans leurs carrières, ont pu être confrontés à des situations traumatisantes.
En effet, si le chien ne peut se substituer à un travail thérapeutique, il est un excellent outil d’accompagnement. « Le stress post-traumatique peut toucher tout le monde. Il apparaît quand une personne est confrontée à une peur très violente associée à un sentiment profond d’impuissance. C’est le fruit d’une situation très anxiogène, sans échappatoire. Cela se traduit par la manifestation d’un stress intense et durable. Avec notamment des flash-back et des cauchemars qui peuvent être quotidiens et des épisodes de claustrophobie ou d’agoraphobie. Cela peut-être très handicapant », détaille Benjamin Borg. Et si le chien représente d’abord une présence rassurante et attachante, il peut également effectuer un véritable travail d’assistance.
Ainsi, les chiens peuvent allumer la lumière et réveiller leur maître en cas de cauchemar. Ou les guider en dehors d’un lieu et leur apporter leurs médicaments lors d’une violente crise d’angoisse. « Grâce à cela, certaines personnes passent de plusieurs cauchemars par nuit à un ou deux par mois. Le chien offre une base psychoémotionnelle et psychoaffective. En plus des tâches techniques que celui-ci peut effectuer, il instaure une stabilité. Il invite à sortir et favorise la socialisation. Pour le maître, il représente une raison de vivre et inspire un sentiment de fierté », plaide Benjamin Borg. Une manière efficace de lutter contre l’isolement, voire les penchants suicidaires.
Il faut pratiquement deux ans et un investissement de 25 000 euros pour former un chien à l’accompagnement. Celui-ci doit apprendre une cinquantaine de gestes techniques et savoir les exécuter au bon moment. « Certains chiens peuvent même déclencher une téléassistance en cas de malaise », ajoute Benjamin Borg qui a prévu de commencer, début 2021, la formation de cinq nouveaux chiots. Des animaux rigoureusement sélectionnés pour leur bonne santé et leurs dispositions au dressage. Ainsi, dans quelques années, ceux-ci veilleront, avec tout l’enthousiasme et le dévouement dont est capable le meilleur ami de l’homme, sur des personnes qui peinent à se reconstruire après un traumatisme.
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