Spécialisée dans la prise en charge des personnes âgées, la clinique des Minimes, qui fête ses 10 ans d’activité, doit sa réputation à son approche gériatrique innovante : méthode Montessori et dynamique intergénérationnelle au travers de l’installation d’une crèche au sein même de l’établissement hospitalier… Une nouvelle vision positive du grand âge à laquelle les soignants croient et qu’ils promeuvent.
Dans le milieu de la gériatrie, la clinique des Minimes fait désormais référence dans la région. Créée il y a 10 ans, elle accueille aujourd’hui 2 200 patients par an dans ses diverses unités, dont l’Unité de soins longue durée (USLD). Là, l’équipe soignante, comme toutes celles qui œuvrent au sein de l’établissement de santé, s’emploie à « changer le regard sur la spécialité ». En effet, le projet de santé de la clinique repose sur l’approche innovante consistant à positiver la gériatrie. Pour cela, deux dispositifs ont été développés : l’application de la méthode Montessori adaptée aux personnes âgées, et la mise en place d’une dynamique intergénérationnelle au travers de l’installation d’une crèche dans les locaux.
On connaissait la méthode Montessori pour les enfants, la voici adaptée aux personnes âgées. « Nous l’avons découverte lors d’une conférence médicale en 2016 », se souvient Anne-Cécile Aguedia, cadre de santé à la clinique des Minimes et porte-drapeau de cette approche dans son établissement. « Après avoir convaincu la direction, nous l’avons mise en place en 2017 », précise-t-elle. À l’époque, l’établissement est précurseur en la matière, et constate aujourd’hui que de plus en plus d’établissements s’en emparent, notamment suite aux multiples “affaires” qui ont terni l’image des centres d’accueil pour personnes âgées.
L’objectif recherché par les soignants utilisant la méthode Montessori est la préservation de l’autonomie du résident, dans les gestes du quotidien. « Souvent, les patients atteints de démence sont pris en charge en considération de ce qu’ils ne peuvent plus faire. Ici, c’est le contraire. Nous nous basons sur leurs capacités préservées, sur ce qu’ils peuvent encore faire », explique Anne-Cécile Aguedia. Un programme qu’elle et son équipe ont développé auprès des 37 patients de l’Unité de soins longue durée. Là, les résidents sont par exemple invités à mettre la table et à se servir seuls, dans la mesure du possible. « Nous effectuons au préalable une évaluation de leurs facultés et proposons à chacun de réaliser de petites tâches à leur portée », précise Christelle Escaut, assistante de soins en gérontologie. Ainsi, si la prise en charge traditionnelle voulait que les personnes âgées s’assoient autour d’une table sur laquelle étaient disposés des plateaux tout prêts, ils travaillent désormais leur motricité fine et leur sociabilité.
Et ce n’est pas tout ! Pendant que certains résidents sont chargés de mettre le couvert, d’autres participent à l’entretien du jardin, ou distribuent le journal dans les chambres. « Ils ont ainsi un but, une mission, ils se sentent utiles. Ils ont besoin, comme nous tous, d’une raison pour se lever tous les matins, et chacun trouve la sienne », commente la cadre de santé. « Nous parvenons toujours à trouver une activité qui convient à chaque patient, même les plus diminués qui peuvent encore transvaser, découper… Tous, en fonction de leurs capacités peuvent participer à un travail collectif », précise Anne-Cécile Aguedia. D’ailleurs, leurs réalisations, issues des ateliers couture, bricolage, arts créatifs… auxquels ils ont participé, seront vendues lors d’un marché de Noël et l’argent récolté sera reversé à une association qu’ils ont eux-mêmes choisie : Rêves, qui réalise les souhaits des enfants gravement malades.
Au-delà de l’aspect psychologique, la méthode Montessori a un réel impact sur la santé des résidents, selon l’équipe médicale de gériatrie de la clinique des Minimes. Pour en mesurer l’importance, les référents du dispositif ont mis en place des indicateurs précis. Ainsi, « nous avons constaté que, depuis qu’ils s’impliquent sur les temps des repas, les patients ont pris du poids. De même, nous avons observé que leur participation aux activités communes a un effet bénéfique sur les personnes présentant des troubles du comportement, elle nous permet de réduire le recours médicamenteux : ceux qui adhèrent au programme ont considérablement diminué leurs prises d’anxiolytiques ou d’antidépresseurs, tout comme leur dose d’hypnotiques puisqu’ils dorment mieux », commente la cadre de santé.
Parallèlement à la mise en place de la méthode Montessori, la clinique des Minimes a ouvert une crèche, au rez-de-chaussée, de 26 berceaux. Depuis 2015, elle permet au personnel hospitalier de faire garder leurs enfants mais aussi, et surtout, à développer l’appréhension positive du vieillissement. En effet, la stimulation cognitive des personnes âgées est primordiale. Et quoi de mieux pour cela que le contact régulier avec des enfants. La dynamique intergénérationnelle fait ainsi partie intégrante de la prise en charge des personnes âgées de l’Unité de soins longue durée. Les plus jeunes (dès qu’ils savent marcher) et les plus vieux mangent ainsi dans la même salle tous les midis et goûtent ensemble tous les jours. Les repas de chacun sont bien sûr adaptés, et « il n’est pas rare que les enfants aillent demander des frites à leurs aînés », témoigne Anne-Cécile Aguedia amusée.
S’il n’existe aucune obligation, la grande majorité des résidents de la clinique se dit ravie de cette initiative. Certains attendent même ce moment avec impatience : « Un monsieur, qui ne sortait jamais de sa chambre quand il est arrivé dans le service, a accepté de se rendre aux repas communs. L’expérience avec les enfants lui a tellement plu qu’il venait ensuite chaque jour, une demi-heure à l’avance pour être présent à l’arrivée des petits dans la salle à manger et les saluer », raconte l’infirmière. Et pour ceux qui souhaitent prolonger le plaisir, des ateliers communs sont également proposés, comme du jardinage, des arts créatifs, des médiations animales… Si pour l’heure aucune évaluation du dispositif intergénérationnel n’a été élaborée, les soignants constatent que « les moments de vie inédits qui se créés ne peuvent être que bénéfiques ».
Une approche positive qui semble donc produire de bons résultats sur les personnes âgées, mais également sur le personnel. Car si le turn-over était important dans l’Unité de soins longue durée, il a considérablement diminué. « Depuis la mise en place de ces programmes, les soignants semblent plus épanouis et adhèrent au projet. De même, la charge de travail est moindre puisque, grâce à ces méthodes, les troubles du comportement de nos patients sont considérablement réduits », conclut Anne-Cécile Aguedia.
Commentaires