Depuis le 3 juillet, les assistants de régulation du Samu 31, qui officient à Toulouse sont en grève illimitée. Ils demandent la reconnaissance de leur travail et de leur profession, à l’heure où ils s’apprêtent à voir les appels au 15 augmenter de 15% cet été.
Depuis ce lundi 3 juillet, à 15h15 précise, les assistants de régulation médicale (ARM) du Samu 31, situé à Toulouse, sont en grève illimitée. En première ligne dans la chaîne du traitement des urgences, ils gèrent tous les appels téléphoniques au 15 du département, mais pas que… Ce sont également eux que vous joindrez si vous composez le 3966 pour trouver un médecin de garde. Et encore eux si vous cherchez une pharmacie de garde. Ce seront toujours les assistants de régulation médicale qui répondront au numéro que vous appellerez pour trouver un dentiste de garde. À cela s’ajoutent les appels de SOS médecins 31 quand un cas nécessite des conseils médicaux plus poussés, ou encore tous les appels reçus par les pompiers (18) qui ne concernent pas un incendie. Tous ces numéros, standards et autres plateformes sont transférés au Centre de réception et de régulation des appels (Crra) du Samu de Toulouse.
Aux missions de réception des appels d’urgence, se rajoute celle de la coordination et de la gestion des moyens : organiser le déploiement des secours terrestres et héliportés, l’envoi d’ambulances, du SMUR… Et il n’est pas rare qu’ils doivent également guider, par téléphone, des gestes de premiers secours.
« Les ARM sont épuisés », constate Lilian Gelbart-Carrasco, délégué départemental de l’Association française des assistants de régulation médicale (Afarm). À Toulouse, les 62 opérateurs, répartis en équipe de six ou sept, doivent répondre à 1 500 appels par jour en moyenne. Et à l’approche de la période estivale, ils s’attendent à une augmentation de leur activité de 15% (noyade, hydrocution, déshydratation sévère…). Un phénomène prévisible, mais qui vient en cumul des 15% d’appels supplémentaires observés chaque année, depuis trois ans : « En cause ? Les différentes épidémies de Covid, de bronchiolite, de grippe… », témoigne le délégué Afarm. Et surtout, la tendance à appeler le 15 en première intention. « Beaucoup de gens nous contactent parce que leur médecin généraliste n’est pas disponible, sans que leur cas ne présente d’urgence particulière », témoigne Lilian Gelbart-Carrasco.
Et le nouveau dispositif du Service d’accès aux soins voulu par le gouvernement ne devrait rien arranger. En effet, celui-ci prévoit de permettre l’accès, à toute heure et à distance à un professionnel de santé. Ce dernier pourra lui fournir un conseil médical, lui proposer une téléconsultation, l’orienter selon la situation vers une consultation de soin non programmé en ville, vers un service d’urgence ou déclencher l’intervention d’un SMUR ou d’un transport sanitaire. « Et devinez où atterrissent les appels ?… » demande, résigné, Lilian Gelbart-Carrasco.
Ainsi, « les missions des ARM ne cessent d’augmenter, et les conditions de travail de se détériorer », observe-t-il. Des missions pour lesquelles, les assistants de régulation médicale estiment ne pas être suffisamment reconnus : pour trier les urgences des cas bénins, pour orienter les patients vers les différents services de soins, pour délivrer des premiers conseils, voire guider des gestes de premiers secours, pour gérer le déploiement des secours sur le terrain, et parfois coordonner une cellule de crise… « les ARM perçoivent un salaire de base de 1 700 euros net par mois + une prime de 120 euros », précise Lilian Gelbart-Carrasco. De plus, « nous ne disposons du statut de soignants que depuis janvier 2023. Auparavant, nous n’étions que des assistants médicaux administratifs ». Aujourd’hui, ils demandent à accéder au statut de soignants “actifs”, et à disposer d’une grille indiciaire de rémunération propre à leur profession.
Également, les ARM souhaitent l’attribution de la prime de risque au titre des structures d’urgence et la titularisation des contrats précaires : « Comme dans toute la fonction publique, les CDD se multiplient. Personnellement, je les enchaîne depuis trois ans », indique Lilian Gelbart-Carrasco. Enfin, ils exigent la certification des assistants en poste depuis plusieurs années. « Depuis l’affaire Naomi Musenga (l’appel de la jeune femme au Samu n’avait pas été pris au sérieux. Elle est décédée cinq heures après. NDLR), une formation d’une année est exigée pour accéder au poste d’ARM. Avant la mise en place de ce dispositif en 2019, les opérateurs étaient formés en interne par l’employeur. Nous demandons à ce que tous les assistants de régulation médicale qui exercent leur métier depuis plus de quatre ans ne soient pas contraints de suivre cette formation pour être certifiés », explique le délégué Afarm.
Il précise que le mouvement de grève se poursuivra tant que les ARM n’auront pas obtenu satisfaction. Ce qui ne devrait pas perturber le bon traitement des appels d’urgence, « puisque nous faisons partie de ces professions qui, même en grève, ne peuvent pas cesser le travail. Nous sommes en colère, mais responsables ! » termine-t-il.
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