Augmenter le nombre de médecins, mieux les répartir sur le territoire tout en coordonnant les différents acteurs de la santé pour créer de véritables urgences de ville… Telles sont les ambitions du projet de loi de la ministre de la Santé Agnès Buzyn, qui doit être adopté d’ici l’été.
C’est l’un des éléments centraux du projet gouvernemental pour désengorger les urgences. Le plan ‘’Ma santé 2022’’ prévoit le déploiement de 1 000 CPTS sur l’ensemble du territoire qui en compte actuellement 200. Ces structures, créées par la loi Touraine de janvier 2016, invitent médecins libéraux et hospitaliers à travailler main dans la main pour constituer des urgences de ville. Contrairement aux maisons de santé, elles n’impliquent pas de se regrouper au sein d’un même lieu mais associent des professionnels de santé de toutes spécialités, qui continueront d’exercer où ils en avaient l’habitude.
En maisons et centres de santé, en cabinets collectifs ou individuels, voire en établissement médico-social (particulièrement en Ehpad). Leur rôle est d’organiser leur activité quotidienne de façon à mieux structurer les parcours de soin, et ainsi faire de l’exercice isolé une exception. À défaut d’initiatives des professionnels, les Agences régionales de santé (ARS) pourront susciter la constitution de CPTS. Ces dernières auront par exemple pour mission de développer l’offre de télémédecine, coordonner les interventions autour des patients les plus complexes ou encore piloter des programmes de dépistage… Pour inciter fortement les médecins à rejoindre leur CPTS, qui couvrira un bassin de vie de 20 000 à 100 000 habitants, le gouvernement réfléchit à conditionner les rémunérations forfaitaires à l’adhésion à cette structure.
La décision était réclamée depuis de nombreuses années, Agnès Buzyn l’a annoncée pour 2020 : le numerus clausus, mis en place en 1971, va être supprimé. Il est accusé de générer une pénurie de médecins, à laquelle la France fait face par le recrutement de vacataires et des praticiens munis de diplômes obtenus à l’étranger. Si une forme de sélection sera maintenue, notamment via des partiels traditionnels, les études de médecine reviendront dans le droit commun afin de former mieux et plus de futurs praticiens.
Dans un rapport remis au mois de mai 2018 à la ministre de la Santé, le député Thomas Mesnier évoque la mise en place d’un numéro unique de santé, qui permettrait une régulation 24h/24 et 7 jours/7, à la fois pour les urgences médicales et les consultations sans rendez-vous. L’objectif : désengorger les services en proposant aux patients d’appeler directement le 15, y compris pour des douleurs non urgentes ou la réorientation vers un médecin de garde. Les généralistes seraient, dans ce schéma, amenés à travailler conjointement avec les urgentistes, chacun traitant les cas propres à sa spécialité.
«Beaucoup de soins non programmés ne nécessitent pas d’avoir fait dix ans de médecine », énonce le rapport du député. Au vu de ce constat, le document préconise aussi d’ouvrir aux autres professionnels de santé que sont les pharmaciens, les infirmiers et les kinésithérapeutes, la possibilité de faire un certain nombre de premières interventions.
Commentaires