À Toulouse, la rentrée artistique est comme toujours foisonnante. Tout frais, tout beaux, les programmes des théâtres, des salles de concert, des lieux d’exposition et des centres culturels ont envahi les présentoirs de la ville. Dans ces milliers de pages, se trouvent assurément les pépites de demain. Et derrière le décor, c’est tout un écosystème qui favorise leur éclosion avec une efficacité redoutable. Le JT s’est glissé dans les coulisses de cette fabrique à talents toulousaine.
Sait-on que c’est au théâtre des Mazades que la chanteuse Juliette a enregistré un de ses premiers albums ? Ou que le théâtre de Poche a été l’une des rares salles à bien vouloir ouvrir ses portes à l’humoriste Haroun pour jouer son premier spectacle ? Avant d’envahir les ondes, le duo Cats on Trees a, lui, écumé les petites scènes : Saint des seins, Dynamo, Connexion Café… Quant à Maguy Marin, chorégraphe de danse contemporaine, Thibaut Garcia, prodige de la guitare classique ou encore Adam Laloum, étoile montante du piano, ils ont fréquenté les mêmes bancs du Conservatoire de Toulouse.
À cette liste loin d’être exhaustive, on peut ajouter le dessinateur Paul Cauuet, ancien étudiant en arts appliqués à l’université du Mirail, coauteur de la BD à succès ‘’Les Vieux Fourneaux’’. Tous n’ont pas le même parcours. Mais avant de remplir des salles partout en France, de voir leurs spectacles voyager dans le monde ou leurs œuvres adaptées au cinéma, ils ont trouvé dans la Ville rose de quoi s’épanouir dans leur discipline artistique.
Des écoles aux associations, en passant par un réseau de salles assez complet, les sites et structures permettant aux futurs talents de se former et de se développer ne manquent pas à Toulouse. Dans ce parcours, les cafés culturels tiennent une place prépondérante. « Tous les artistes font leurs armes dans de petits lieux de proximité. Nous sommes le premier maillon dans la chaîne du spectacle vivant et il aura fallu du temps pour être reconnus comme tels », assure Yannick Grabot, patron du bar Le Breughel et représentant local du collectif Bar-bars.
« Tous les artistes font leurs armes dans de petits lieux de proximité »
Suite à un travail entamé en 2008, l’association a en effet créé le GIP Cafés Cultures en 2014. Un fonds d’aide à l’emploi artistique qui peut prendre en charge une partie de la rémunération des cachets. La mairie de Toulouse a rejoint le dispositif en 2016 et le finance à hauteur de 50 000 euros par an. « D’une année sur l’autre, cela m’a permis de presque tripler le nombre d’artistes déclarés. C’est un vrai soutien pour assurer mon rôle d’employeur artistique et une garantie pour les musiciens ou comédiens d’être payés », se félicite Yannick Grabot.
Tout n’est pas rose pour autant pour ces derniers. Si tous ne rêvent pas de carrières nationales, ils seraient tout de même confrontés à Toulouse à une sorte de plafond de verre. « Le vivier est très dense et d’un bon niveau. Mais par rapport à d’autres territoires, la ville souffre de l’absence de labels. Et quand il n’y a pas de lien avec l’industrie, le développement s’arrête », note Yasmine Carlet, chargée de développement du cluster Ma Sphère.
« Sans lien avec l’industrie, le développement s’arrête »
Fondée en 2012 et abritée depuis 2014 au Métronum, la structure s’attelle justement à la professionnalisation de la filière culturelle et regroupe une vingtaine d’acteurs pour les accompagner et créer des dynamiques collectives. Mais malgré les considérations économiques, Yasmine Carlet se veut rassurante pour les Fanel, Rémi Panossian et autres Slim Paul, possibles futures révélations toulousaines : « Dans le domaine artistique, quels que soient les freins, il reste heureusement toujours une part de magie qui opère, ou pas. »
Sources : Pôle emploi et GIP Cafés Cultures.
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