Le 18 juin dernier, le Premier ministre Édouard Philippe et Muriel Penicaud, ministre du Travail, ont présenté les grandes lignes de la réforme de l’assurance chômage. Une série de mesures dont l’objectif avancé est, d’un côté, de stopper les frais en termes d’indemnisation et de l’autre, d’améliorer l’accompagnement des chômeurs. Sans attendre les effets de la future loi, de nombreux acteurs se mobilisent depuis plusieurs années pour pallier certains manques. Le JT a rencontré ceux qui guident les demandeurs dans la jungle du marché de l’emploi.
Y a-t-il encore un service public de l’emploi ? Souvent pointé du doigt, Pôle Emploi ne serait plus qu’un guichet d’indemnisation à l’efficacité mesurée pour retrouver du travail. Une structure qui serait dépassée aussi en termes de propositions d’emplois par des concurrents publics, mais également par la multiplication de sites privés (Keljob, Indeed, Leboncoin…) et des réseaux sociaux.
« Nous avons permis 410 000 retours à l’emploi en Occitanie »
Pourtant, les chiffres démentent cette impression. Selon le top 10 des sites emploi-carrière régulièrement publié par Médiamétrie, celui de Pôle Emploi reste le plus consulté. « Nous sommes critiqués, mais je voudrais que nous soyons jugés sur les résultats. Nous avons des objectifs fixés à partir d’indicateurs précis et, en mai dernier, nous avons atteint pour la première fois dans la région un taux de 80 % de satisfaction des usagers. De même, en 2018, nous avons permis 410 000 retours sur le marché du travail », avance Serge Lemaître, directeur de Pôle Emploi Occitanie.
Depuis plusieurs années, l’institution a aussi fait évoluer ses pratiques pour améliorer l’accompagnement des chômeurs, jusqu’alors jugé défaillant. Fini le suivi mensuel systématique, coûteux et inadapté à la diversité des profils, Pôle Emploi a mis en place un processus progressif selon l’autonomie des demandeurs d’emploi et a plafonné le nombre de dossiers traités par conseillers en fonction des catégories de public. Une manière également de répondre à un autre grief récurrent, celui des conseillers débordés, qui dénoncent régulièrement eux-mêmes l’aggravation de leurs conditions de travail.
Dans un contexte où l’on cherche les économies et où le chômage est en baisse, on pouvait craindre une nouvelle diminution des effectifs. Finalement, la réforme de l’assurance chômage présentée en juin par le Premier ministre prévoit l’embauche de 1 000 conseillers supplémentaires sur trois ans. « De plus, avec la réforme, nous passerions d’un premier contact de 45 minutes à deux demi-journées d’entretien afin de balayer tous les sujets dès le démarrage pour mieux cibler les actions à engager », ajoute Serge Lemaître.
Les agences Pôle Emploi concentrent aussi leurs efforts sur l’inadéquation entre l’offre et la demande. « Sujet primordial », pour le directeur de Pôle Emploi Occitanie, qui multiplie ainsi les salons et autres événements de type jobs dating.
« On fait peser la réduction des dépenses sur les demandeurs d’emploi »
Toutefois, pour certains observateurs comme Lynda Lavitry, chercheuse au Laboratoire d’économie et de sociologie du travail (LEST), à Aix-en-Provence, ces mesures paraissent bien maigres au sein d’une réforme qui vise plus largement à faire « peser la réduction des dépenses et la responsabilité de la situation sur les demandeurs ». Durcissement des conditions d’accès à l’assurance chômage (six mois d’activité dans les 24 derniers mois contre quatre mois dans les 28 derniers mois auparavant), instauration d’une dégressivité des indemnités pour les cadres… La réduction des droits des chômeurs est évaluée à 3,4 milliards d’euros.
Sources : Pôle Emploi, plateforme Place des Talents.
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