Spécialiste des rubriques environnement, le journaliste occitan Grégoire Souchay est un écologiste convaincu. Mais pour lui, la fin ne justifie pas les moyens. S’il se fait le relais médiatique de l’urgence climatique, il dénonce également les remèdes qui se révèlent pires que le mal.
®Franck AlixAlors que nombre de lycéens tergiversent à l’heure de choisir une orientation professionnelle, lui n’a eu aucune hésitation. « J’ai toujours voulu être journaliste, et ce depuis l’adolescence », affirme Grégoire Souchay. Déjà, à l’époque, il est parmi les premiers à écrire pour le nouveau journal du lycée de Saint-Affrique dans l’Aveyron, et déjà une forme d’engagement politique se dessine : « Nous l’avions appelé “Si Jaurès su”. »
C’est donc naturellement qu’après son master de journalisme obtenu à Sciences Po Toulouse, les sujets sociaux et engagés politiquement deviennent ses domaines de prédilection. Orientation qui se confirme lors d’un premier stage effectué au journal ‘’Fakir’’, trimestriel indépendant et alternatif, ancré à gauche. « J’ai toujours eu un pied dans le journalisme et l’autre dans le militantisme », explique-t-il, avant de raconter sa rencontre avec l’écologie en 2010.
« J’ai passé plusieurs mois en Bolivie, dans la province du Béni, à l’écoute des communautés paysannes et indigènes. J’ai vu l’impact direct du changement climatique sur ces gens et sur leur territoire », confie Grégoire Souchay. Une révélation pour le journaliste en herbe, encore étudiant, qui prend alors la mesure de l’urgence.
Devenu journaliste indépendant, il travaille pour différents supports, dont Reporterre. Pour ce site d’informations spécialisé dans l’écologie, Grégoire Souchay couvre les mobilisations sur la Zad de Sivens et contre l’implantation du centre commercial Val Tolosa à Plaisance-du-Touch. « Des sujets et tant d’autres que je traite toujours avec une focale environnementale », précise-t-il.
Mais pour lui, pas question de livrer une énumération de statistiques anxiogènes. Il préfère en parler de manière objective : « Mon rôle est bien sûr de sensibiliser à l’urgence climatique, mais pas à n’importe quel prix. Mon rôle de journaliste est de faire état des actions présentées comme étant des solutions pour la protection de l’environnement, et de prendre du recul. Quels en sont les avantages ? Les inconvénients ? Ceci pour éviter que les remèdes proposés ne soient pires que le mal qu’ils combattent. »
« Je fais simplement mon boulot ! »
Des enquêtes sérieuses et laborieuses qui permettent aux lecteurs de disposer de tous les éléments pour estimer la pertinence d’un projet. C’est le cas des éoliennes, dont Grégoire Souchay a fait le sujet de son dernier ouvrage, “Les Mirages de l’éolien”, paru en 2018 aux éditions Seuil. Et c’est la seule mission du journaliste, affirme celui qui se défend humblement d’être un porte-parole de la cause écologiste : « Je fais simplement mon boulot ! »
Mais à tout juste 30 ans, l’homme avoue être fatigué de la précarité financière inhérente à son statut de pigiste. Surtout, il s’aperçoit qu’à force de parler de la protection de la nature, il a oublié d’en profiter lui-même. « En tant que journaliste, je suis toujours rationnel. Aujourd’hui, j’ai besoin d’émotions, de créativité », explique-t-il. « Avec ma compagne, nous avons décidé de nous installer en Aveyron. Nous avons prévu d’y bâtir un habitat léger et démontable, pour ne pas laisser notre empreinte sur la nature », se projette-t-il. Une manière d’être acteur de la protection de l’environnement dont il parle si souvent dans ses articles.
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