Prônée par Archipel Citoyen pour constituer une partie de sa liste, la pratique du tirage au sort figure parmi les points de blocage avec certains partis de gauche locaux. Récemment, Jean-Luc Moudenc a même qualifié la démarche de « roulette russe ». Qu’en disent les principaux concernés ? Le JT a rencontré trois tirés au sort bien décidés à s’engager dans les municipales.
En juin dernier, 1 000 Toulousains ont eu la surprise de recevoir dans leur boîte aux lettres un courrier les invitant à être candidat aux municipales sous la bannière Archipel citoyen. Parmi la dizaine de personnes à y avoir répondu favorablement, la plupart n’avaient jamais entendu parler du collectif, qui a fait du tirage au sort l’un des trois piliers du processus de constitution de sa liste.
Dans un premier temps, Aymeric Deheurles n’a accordé que peu d’attention au courrier : « Je l’ai lu distraitement avant de le laisser traîner. Puis, je suis tombé par hasard sur un article traitant d’Archipel et je me suis rappelé que je n’avais pas répondu », raconte cet ingénieur informatique de 37 ans, habitant le quartier des Pradettes.
« Je nE M’étais jamais engagée dans quoi que ce soit » (Violaine)
« Je sais que certains l’ont directement jeté à la corbeille. Moi, je me suis renseignée et j’ai complètement adhéré aux principes et aux valeurs du mouvement », relate Violaine Lombard, 45 ans, responsable de projet dans l’aéronautique. Mélissa (qui ne souhaite pas communiquer son nom de famille), elle, a cru à une blague. Cette dernière, encartée un an au Parti socialiste en 2001, est la seule à s’être déjà engagée en politique.
Aymeric Deheurles assure s’y être toujours intéressé de près tout en se méfiant du fonctionnement des partis. Quant à Violaine Lombard, elle se dit carrément novice en la matière : « Je ne me suis même jamais impliquée dans aucune association. »
Après la phase de renseignements, les trois tirés au sort assistent à leurs premières réunions et en ressortent enthousiasmés. Depuis, Mélissa s’engage à fond, participe à des cercles de travail sur la gouvernance municipale, contacte des associations de quartiers. « C’est étonnant ce que cette lettre a déclenché en moi. C’est la première fois de ma vie que je m’intéresse concrètement à la gestion d’une ville », affirme-t-elle. En raison de son métier dans l’éducation, elle a toutefois fait le choix de ne pas figurer sur la liste, contrairement aux deux autres tirés au sort, convaincus d’être légitimes pour devenir conseillers municipaux.
« C’est étonnant ce que cette lettre a déclenché en moi » (Mélissa)
« Je n’ai pas fait de grandes écoles, mais je ne m’estime pas inférieure aux hommes politiques. Je représente la population tout autant qu’eux », lance Violaine Lombard. « Au début, on se demande si l’on va être à la hauteur, mais il existe une telle force collective que l’on peut s’appuyer sur l’expérience des plus aguerris pour monter en compétence », témoigne Aymeric Deheurles, avant de poursuivre : « Je n’ai aucune ambition personnelle. Le tirage au sort offre la possibilité de s’engager à des gens comme moi qui ont juste envie de faire avancer leur ville, mais qui n’auraient pas fait spontanément la démarche. Cela redonne foi en la politique. »
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