A quelques jours du premier tour des élections régionales, qui se tiendra le dimanche 20 juin 2021, le Journal Toulousain vous propose de mettre en lumière les positions des principales têtes de liste d’Occitanie concernant un sujet crucial pour l’avenir de la région : l’aeronautique.
Le Journal Toulousain vous propose de comparer les propositions des candidats aux élections régionales concernant la dépendance à l’aéronautique et la diversification de l’industrie régionale.
Se présentant comme une “écologiste modérée”, la socialiste Carole Delga, présidente sortante postulant pour un deuxième mandat, réaffirme dans son programme son ambition de faire de l’Occitanie “une région à énergie positive”. Un Plan Hydrogène Vert a ainsi été mis en place (150 millions d’euros) sur la période 2019-2030 pour le développement d’une filière de l’hydrogène décarboné. Cette alternative verte servirait pour différents modes de transport, comme l’avion vert.
Fin 2020, Carole Delga a par exemple annoncé la création d’un technocampus de l’hydrogène dédié à l’avion vert, qui devrait être implanté en 2024 sur la base de Francazal, près de Toulouse.
La tête de liste Occitanie Populaire, soutenue notamment par La France Insoumise, Myriam Martin, remet en cause le monopole de l’industrie aéronautique, et propose une diversification de l’économie occitane vers des industries plus propres. “Nous voyons bien que lorsque l’aéronautique flanche, cela déclenche des problèmes en cascade. Et il y a la question du trafic aérien, qui ne pourra plus s’accroître indéfiniment, compte tenu de la chape de plomb écologique que nous avons sur la tête. Si l’on ne réfléchit pas à ce que l’on produit et à la manière dont on le produit, alors on court à la catastrophe”. Les solutions évoquées par la candidate Insoumise : l’élaboration d’un avion plus propre, le développement d’activités connexes comme l’énergie, l’éolien, le ferroviaire, l’électronique embarquée. “Tout cela, la région peut le piloter à travers une vice-présidence à la reconversion industrielle. Et le financer, car elle a un important levier économique”. Myriam Martin souligne toutefois que la priorité immédiate est la préservation des emplois du secteur : “Ce n’est pas aux salariés de payer la crise”.
La tête de liste Nouvel Elan Occitan (sans étiquette, soutenu par la majorité présidentielle), Vincent Terrail-Novès, s’accorde sur le fait qu’une diversification de l’activité économique s’impose en Occitanie. “À l’échelle régionale, l’aéronautique est la troisième industrie, cela veut donc dire qu’il y en a deux autres avant. En ce qui concerne le bassin toulousain, en revanche, il s’agit en effet d’une industrie quasi exclusive”. Selon lui, la diversification passe par la “transition écologique” de l’aéronautique, le développement de l’aéronautique civile et des petits aéroports, comme celui de Castres, l’avion électrique ou à l’hydrogène, “à condition que celui-ci soit vert”. Il prévoit une reprise “concentrée sur des petits avions avec des circuits plus courts”.
Pour le candidat Les Républicains aux élections régionales 2021 en Occitanie, Aurélien Pradié, “la diversification n’est pas le sujet”. Selon lui, “la diversité existe déjà” dans un secteur aéronautique qui “ne se limite pas à sa composante industrielle, qui ne représente que la moitié de la filière. L’autre moitié étant composée d’emplois du secteurs tertiaire (services, maintenance, etc.)”. Il propose donc d’accompagner la transformation de l’aéronautique “en se réorientant vers l’armement et l’aviation militaire”, un “marché à explorer”, et vers l’avion propre. Selon lui, l’industrie aéronautique est menacée “par la crise, d’une part, mais également par les discours des écolos intégristes sur la fin de l’avion”, qu’il juge comme des “ennemis de l’industrie”.
Pour l’écologiste Antoine Maurice, sa liste L’Occitanie naturellement est celle qui “défend le plus l’aéronautique et ses salariés”, en proposant notamment de retirer le soutien financier de la Région “aux entreprises qui effectuent des licenciements boursiers”. Face aux “8500 salariés de la filière” menacés de perdre leur emploi en Occitanie et pour “anticiper la casse sociale à venir”, il propose l’ouverture de discussions sur l’avenir de la filière, avec tous ses acteurs, pour aboutir à “un accord d’accompagnement et de mutation”. Cela passera par la recherche pour diminuer l’empreinte carbone du secteur, et favoriser sa diversification vers des domaines moins émetteurs de CO2, comme la santé ou les énergies renouvelables ; et par l’accompagnement à la “reconversion des salariés vers des métiers porteurs de sens”.
Le candidat du Rassemblement National, Jean-Paul Garraud, estime que la région Occitanie “va devoir se relever des pertes dans le secteur aéronautique” et qu’elle a “de nombreux moyens d’actions pour conduire de grands projets infrastructurels nécessaires à son développement et à son dynamisme économique”.
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