Le projet de loi de sortie de l’état d’urgence sanitaire a été adopté dans la nuit par les députés, après une fronde du Modem qui a contraint le gouvernement à modifier l’article 1er du texte. Jean-Luc-Lagleize, député Modem de la 2ème circonscription de Haute-Garonne était présent dans l’hémicycle. Interview.
C’est la première fois dans cette mandature, que le Modem bloque un projet de loi à l’Assemblée nationale. Vous considérez que c’est une victoire ?
C’en est une. Nous avons obtenu que la période transitoire de sortie de l’état d’urgence s’arrête le 30 septembre au lieu du 31 octobre. Alors que l’on est en train de rouvrir les terrasses, les restaurants et bientôt l’ensemble des lieux accueillants du public, il n’y pas de raison pour que l’État d’urgence dure. Il faut avoir de la cohérence dans les messages que l’on fait passer. Nous avons donc voté contre l’article 1er de ce projet de loi, qui est tombé dans l’après-midi.
Comment se sont ensuite passées les négociations ?
Après une réunion d’une demi-heure avec le premier ministre et le groupe LREM, le texte était réécrit. Et nous l’avons ensuite voté. Mais tout cela ne serait pas arrivé si le ministre de la Santé Olivier Véran n’avait pas systématiquement refusé chacun de nos amendements. Ce n’est donc pas un incident diplomatique majeur, mais une bévue du ministre. À présent, tout est rentré dans l’ordre.
N’est-ce pas tout de même aussi un bon coup politique de la part du Modem, qui rappelle ainsi quel est son poids dans la majorité, à un an tout juste de la prochaine élection présidentielle ?
Certains disent effectivement que cela montre que nous sommes indispensable à la majorité. Et c’est tant mieux : le Modem est un pilier solide, prévisible et visible. Mais ce qui s’est passé hier c’est avant tout une réaction épidermique, parce que le respect des libertés publique est dans l’ADN de notre parti. Cela fait plusieurs mois que nous disons au gouvernement qu’il faut sortir de cet État d’urgence qui les restreint.
Et ces discussions se passent toujours au sein de l’hémicycle ?
Parfois ailleurs. Pour l’anecdote, nous avions empêché, le 20 décembre dernier, que le gouvernement présente un projet de loi qui aurait fait entrer l’État d’urgence dans le droit commun. Nous avions jugé cela inacceptable et menacé de voter contre. Contrairement à ce qui s’est passé hier, le projet de loi avait alors été retiré. Et nous n’en avions pas fait la publicité, cela ne s’était pas su.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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