SHOW MUST GO ON – De l’imagination pour soutenir la création. À l’heure où les acteurs culturels sont plongés dans l’incertitude budgétaire, certains résistants s’organisent pour survivre. Ouverture de cafés associatifs, quête de nouveaux financements, entraide et mutualisation des moyens, le monde artistique bouillonne de solutions. Le JT lève le rideau sur ces sentinelles de la culture. Celles qui se battent pour que le spectacle continue.
Les Toulousains n’iront plus écouter de musique du monde dans le quartier des Pradettes. Restaurée à grands frais (750 000 euros) ces dernières années, la salle de concert du château de la Mounède va être désarmée. Un centre de tourisme social porté par l’association PEP 31 verra le jour à sa place, après avoir investi 3 millions d’euros. La mairie de Toulouse, qui promettait un nouveau projet respectant l’ADN culturel du lieu emblématique, a donc changé d’avis. Le futur occupant lui versera une redevance de 42 000 € et rénovera gratuitement le bâtiment. Un argument qui l’a emporté sur le reste.
Après l’abandon des projets de Maisons de l’image, de Cité de la danse et la vente de l’espace Croix-Baragnon, cette décision confirme la volonté de Jean-Luc Moudenc, le maire LR de Toulouse, de réduire les dépenses culturelles. 137,3 millions d’euros sont inscrits cette année aux budgets de la Ville et la Métropole, soit 2,5 millions de moins qu’en 2015. Les subventions municipales aux acteurs du milieu ont, elles, été rabotées de 2 millions d’euros sur cette période (8,7 millions d’euros aujourd’hui).
«À un moment où la société a besoin de la culture pour retisser du lien social, ce désengagement est paradoxal», juge Imène (ce prénom a été modifié), une metteuse en scène toulousaine en recherche de subventions. «Cela pousse à créer des œuvres moins toulousaines pour pouvoir les exporter ailleurs, car à défaut de soutien local, il faut aller chercher de l’argent plus loin.» Pour la municipalité, “la culture reste une priorité puisqu’elle représente le 2e budget après l’éducation”, répond Francis Grass, adjoint au maire chargé des politiques culturelles, ajoutant: “Nous avons choisi de baisser les subventions, c’est vrai, mais dans le but de maintenir notre capacité d’investissement. Nous contraignons le budget de fonctionnement pour être certain de pouvoir continuer à investir.” Ainsi, si certains projets ont été abandonnés, d’autres ont vu le jour comme la Piste des Géants, la réouverture du théâtre de la Digue ou la mise en place du Fonds Dieuzaide.
Les artistes peuvent en effet se tourner vers le Département, la Région ou la Direction régionale des affaires culturelles d’Occitanie (Drac). En 2016, le territoire haut-garonnais a ainsi bénéficié de 15,5 millions d’euros (+ 9 % par rapport à 2015) de la Drac et 6,4 millions d’euros de la Région. Cette dernière augmente cette année son budget “culture, communication, patrimoine, langues catalane et occitane” d’un tiers (86 millions d’euros). Le Conseil départemental n’est pas en reste, puisque ses crédits dédiés “culture” bondissent cette année de 23% (9,26 millions d’euros) pour promouvoir la citoyenneté et les valeurs républicaines. Les efforts des uns compensent-ils les réductions des autres ? Rien n’est moins sûr puisque les périmètres diffèrent. «Quand on est mort de faim, on fait ce qu’il faut pour trouver des financements, mais à long terme, c’est dommageable», conclut Imène.
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