Un groupe de Gilets jaunes « de Toulouse et des environs » a adressé une lettre ouverte au préfet de la Haute-Garonne, ce mercredi 24 juin, pour réaffirmer leur « droit constitutionnel fondamental » de manifester.
Gilets jaunes sur la place du Capitole à Toulouse © jlsfly« Le droit de manifester est un droit constitutionnel fondamental », rappelle un collectif de « Gilets Jaunes de Toulouse et des environs », dans un courriel adressé au préfet de la Haute-Garonne, ce mercredi 24 juin. En effet, la préfecture avait décidé d’interdire « toute manifestation ou rassemblement revendicatif de plus de 10 personnes », ce samedi 20 juin 2020 à Toulouse.
Une décision prise dans le cadre de l’État d’urgence sanitaire et motivée, selon Étienne Guyot, le préfet de la Haute-Garonne, par la « circulation toujours active du virus » et les « événements graves » liés aux précédentes « manifestations non déclarées du mouvement » s’étant déroulé du 17 novembre 2018 au 14 mars 2020. À ces occasions, la préfecture avait systématiquement interdit l’accès de la place du Capitole aux manifestants.
Ce nouvel arrêté de la préfecture, qui interdisait plus sévèrement ces manifestations, va donc dans le sens de l’appel lancé par Jean-Luc Moudenc, candidat à sa propre succession à la mairie de Toulouse, et la présidente de la région Occitanie, Carole Delga. Tous deux s’étaient précédemment prononcés en faveur de l’interdiction des manifestations de Gilets jaunes. « Chaque samedi, depuis plus d’un an et demi, leurs manifestations anarchiques conduisent à des dégradations inacceptables sur l’espace public et dégénèrent dans des affrontements violents avec la police. (…) Leur reprise risquerait d’entraîner la mort du petit commerce indépendant toulousain, des pertes d’emplois et des licenciements », justifiait, entre autres, le candidat Aimer Toulouse.
Toutefois, les Gilets jaunes jugent cette décision contraire au droit international et aux principes démocratiques. « Le droit international indique que le droit de manifester ne devrait pas être soumis à autorisation préalable. Demander une autorisation pour manifester ses opinions a un effet dissuasif puissant et limite par conséquent l’exercice de cette liberté fondamentale », argumentent-ils dans leur courrier. Ils rappellent notamment que le 13 juin 2020, le juge des référés du Conseil d’État avait suspendu l’interdiction générale et absolue de manifester sur la voie publique.
Au-delà de la question sanitaire, les auteurs de ce courrier reprochent également au préfet de “cibler” de fait leur mouvement : « Vos arrêtés hebdomadaires interdisant les manifestations à Toulouse le samedi visent directement les Gilets Jaunes. En ciblant ainsi une catégorie de la population et en interdisant l’expression revendicative de tous les habitants de Toulouse le samedi par une répression violente, vous instaurez dans la ville et le département un véritable état policier ».
Par ailleurs, les Gilets jaunes expriment enfin leur volonté de maintenir leur mobilisation en dépit des amendes et des interdictions hebdomadaires : « Malgré Monsieur Moudenc et Madame Delga, les citoyens toulousains continueront à clamer leur colère, avec les petits commerçants (…) qui sont conscients que c’est la police et non les gilets jaunes qui détournent leur clientèle, à coups de grenades lacrymogènes… ».
Enfin, dans leur lettre ouverte, les Gilets jaunes rappellent que la garantie de l’ordre public et de la sécurité des biens comme des personnes ne peut pas entrer en contradiction avec la mission consistant à « permettre l’exercice des droits et des libertés des citoyens».
Commentaires