Projection. Les climatologues tirent la sonnette d’alarme concernant le réchauffement de la planète. Un phénomène insidieux dont les effets sont peu visibles à court terme mais dont les conséquences seront importantes d’ici la fin du siècle. Comment en réduire les stigmates ?
« Si nous ne faisons rien, nous aurons un climat équivalent à celui du Sud de l’Espagne d’ici 2100, soit une augmentation de 4 à 5°C par rapport à la période préindustrielle. » Le constat est accablant mais réel. À Météo France, les climatologues étudient l’évolution des températures et des phénomènes météorologiques pour en extraire une projection à long terme. Deux scénarios sont alors envisagés, celui d’un effort conséquent pour lutter contre le réchauffement de la planète et celui d’un futur proche où les hommes auraient abandonné cette idée. « Le premier est vertueux », commente Michel Déqué, climatologue à Météo France, « mais il n’est réalisable que si l’on stabilise nos émissions de gaz à effet de serre. Alors, nous pourrons contenir le réchauffement à 1.5°C. »
En revanche, si aucune politique climatique n’est menée, le scientifique prédit des lendemains difficiles : « Le réchauffement sera exponentiel. Il sera peu perceptible à l’échelle des individus, mais ceux qui iront à Gavarnie, pourront se rendre compte que le glacier fond. » L’adaptation des végétaux deviendrait ainsi problématique, certaines maladies gagneraient du terrain… Michel Déqué ajoute: « A l’horizon d’une vie humaine, les choix que nous faisons aujourd’hui n’auront que peu d’impact mais il faut penser à nos petits enfants ! » Cette prise de conscience est intervenue dans les années 1980, quand les calculs scientifiques ont mis à jour les prémices d’un réchauffement climatique, et ont démontré que l’homme ne maîtrisait pas la nature comme il aime à le penser : « On reste impuissant devant des épisodes de sécheresse, des inondations, des cyclones… Pourtant, ces derniers existent depuis toujours, mais leur fréquence est désormais inquiétante. »
À Toulouse, « ce sont les épisodes caniculaires qui deviendront de plus en plus intenses et réguliers. Le manque d’eau se fera également sentir car la pluviométrie va diminuer et les températures augmenter », confirme Julia Hidalgo, chercheuse au CNRS de Toulouse. Superposé à l’îlot de chaleur que génère la ville de jour comme de nuit, le réchauffement est palpable. Il est notamment dû à l’utilisation de matériaux artificiels urbains qui retiennent la chaleur. Pour y remédier, la scientifique propose plusieurs options. D’abord, « une réflexion sur la climatologie locale », explique-t-elle. L’identification des couloirs de ventilation et des espaces verts à préserver peut participer à la baisse des températures et la dispersion de la pollution. Ensuite, « la végétalisation de la ville qui permettrait de rafraîchir, de réguler la température naturellement par la transpiration des plantes et l’effet d’ombrage », énumère Julia Hidalgo. Et de poursuivre : « un travail sur la forme urbaine est indispensable. La hauteur des bâtiments, la densité de population, sont des questions importantes. »
Pour elle, il faut contenir l’étalement de Toulouse qui nécessite trop de matériaux stockeurs de chaleur et plus de déplacements polluants. Ainsi, à l’échelle d’une ville comme Toulouse, il est possible de construire une contribution réelle à la lutte contre le réchauffement climatique.
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