Sorti après l’acte X, le clip sur les Gilets jaunes de D1ST1 enflamme depuis les réseaux sociaux. Un coup de projecteur fracassant sur ce rappeur toulousain engagé, loin d’être un débutant.
®Franck Alix
De son prénom Jimmy, D1ST1 est né il y a 28 ans à Périgueux (Dordogne) et a passé toute son enfance dans le quartier Saint-Cyprien de Toulouse, écumant ses établissements scolaires. « Je n’arrivais pas à rester en place et je n’aimais pas l’autorité. Et puis j’avais déjà autre chose en tête, un besoin d’écrire ce que je vivais, pour me faire du bien… Par l’intermédiaire de ma musique, on m’écoute. »
Son planning est exclusivement organisé autour de la musique. « C’est mon monde, la bulle dans laquelle je peux réaliser tout ce que j’ai en tête. » Studio, mastering, clip, il a produit seul ses 30 premiers titres. « Mes collègues m’ont toujours dit qu’un jour ça finirait par payer. » Avec sa gueule et son physique d’athlète, D1ST1 soigne aussi son personnage, qui « compte autant que le reste. »
L’homme manie à merveille les tractopelles. Déjà huit ans qu’il travaille sur les chantiers, en intérim, sans vraiment rouler sur l’or. « Je n’ai rien à manger chez moi et pas plus de trois joggings et deux t-shirts pour m’habiller. J’ai les nerfs de dingue. » Gilet jaune de la première heure, il est fier de porter la voix « de ceux qui ont les boules », toujours prêt à faire le tour des ronds-points ou le pied de grue devant la prison de Seysses, pour soutenir des manifestants écroués.
« Je défie le contexte. La violence, les bavures, les cris, les larmes, le sang… Il fallait que je raconte tous ces samedis. » Au beau milieu du cortège, ses paroles ont croisé les images de NFCA Média, société de production audiovisuelle qui couvre chaque nouvel acte, à deux pas de ses locaux des allées Jean-Jaurès. « Nous étions tous choqués par ce que nous voyions. Ça s’est fait au feeling. »
« Ce clip, c’est une goutte d’eau, une façon comme une autre de faire passer le message. » Le rappeur ne s’attendait tout de même pas aux millions de vues de sa page Facebook : « Je suis surpris de ouf, mais je ne me fais pas de films et reste à fond dans mon truc. Je ne suis pas là pour acheter le buzz et continuerai de fonctionner à l’instinct. »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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