Beauzelle, une ville soudée contre le harcèlement
Toute la semaine, la commune de Beauzelle se mobilise autour du harcèlement scolaire. La vitrine d’un travail de fond élaboré tout au long de l’année et de manière concertée par les différents acteurs du secteur de l’enfance pour créer un climat de vigilance.
Alors que la Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire se tiendra ce jeudi 8 novembre, c’est une semaine entière de mobilisation qui a été décrétée à Beauzelle. Impliquant de nombreux acteurs locaux, dont le Centre communal d’action sociale (CCAS), le service enfance et jeunesse de la mairie ou encore les représentants des parents d’élèves qui ont organisé durant trois matinées un accueil convivial autour de l’école Henri Matisse, pour créer un moment d’échange sur la thématique.
De même, la bibliothèque y consacre sa vitrine avec des ouvrages tous publics. « En réalité, il ne s’agit pas seulement d’une semaine d’action mais d’un travail sur le long terme qui a commencé en mars dernier et servira de fil conducteur tout au long de l’année. Avec les différents acteurs, nous nous réunissons régulièrement en comité technique pour définir des projets d’action et le thème du harcèlement a émergé naturellement, à partir des faits que nous observons mais aussi via les ressentis exprimés par les familles et les enfants », raconte Évelyne Courtin-Mazana, responsable du CCAS.
Entre le chantier gigantesque du futur parc des expositions et l’achèvement de la Zac d’Andromède, qu’elle partage avec sa voisine de Blagnac, Beauzelle est actuellement au cœur des enjeux métropolitains. Mais tout en s’adaptant aux vertus de l’intercommunalité, elle n’en garde pas moins ses propres pratiques, notamment en termes d’action sociale. « Cela fait longtemps que nous nous intéressons aux questions liées à la parentalité. Ce que nous appelions auparavant “l’école des parents” s’est structuré au fil du temps avec une manière de travailler très transversale. Cela nous permet aujourd’hui d’être au plus près des besoins et de rebondir sur l’actualité pour appuyer sur une thématique précise », assure Jean-Louis Cassignol, adjoint au maire.
« Nous parlons tous le même langage »
Pour observer la concrétisation du projet, direction l’école Henri Matisse, dont les locaux flambants neufs font face aux interminables lignées de lotissements de la Zac Andromède. Près de 300 élèves y ont abordé la question du harcèlement depuis le début de l’année scolaire. « Dans les 16 classes, nous organisons des ”débats philo” durant les heures d’éducation civique et morale. Les plus grands ont conscience de la signification du mot harcèlement. Pour les plus petits, nous utilisons la technique du message clair, de courts échanges verbaux sous forme de saynètes, pour apprendre à répondre à une agression ou à dire non. Ce sont des temps qu’ils apprécient beaucoup », raconte Nathalie Desgarceaux, la directrice des lieux.
Les CM1 et CM2 ont également bénéficié d’une intervention de la brigade de prévention de la délinquance juvénile. « De fait, tout le monde au sein de l’établissement est plus vigilant sur le sujet. Surtout, nous parlons tous le même langage. Il y a une vraie confiance et un travail d’équipe avec l’Accueil de loisirs associé à l’école (Alae) », poursuit Nathalie Desgarceaux. Ainsi, entre midi et deux heures, comme à la sortie des classes, les enfants sont pris en charge par des animateurs ayant reçu une formation dispensée par l’association L’Enfant Bleu. « Ils y ont étudié les mécanismes du harcèlement pour pouvoir les déceler au plus tôt et savoir comment réagir. Du coup, certains ont décidé de mener un projet théâtral sur le sujet avec des élèves qui joueront la pièce devant leurs camarades », explique Jamel Ben Ismail, responsable du service Enfance et jeunesse de la commune.
« La situation s’est réglée sans punition »
Plutôt que de rechercher une solution miracle, l’école Henri Matisse mise donc sur un climat global d’établissement apaisé. Et les fruits en sont déjà perceptibles. « Il n’y a pas longtemps, une élève de CM1 est venue dans mon bureau en me disant qu’elle pensait être harcelée depuis le début de l’année. Je l’ai questionnée point par point et, effectivement, c’était le cas. J’ai donc réuni les enfants concernés pour discuter en leur présentant la situation sans leur dire qui était impliqué. Ils ont conclu d’eux-mêmes qu’il s’agissait de harcèlement. Nous avons ensuite convié les parents pour échanger et le problème s’est réglé sans punition », se félicite la directrice.
À Beauzelle, la semaine de mobilisation se conclura par une conférence, ouverte à tous, en présence d’un juriste et d’un psychologue spécialiste du harcèlement. « Nous n’inventons rien d’extraordinaire. Mais quand différents services travaillent collectivement sur un sujet, cela crée forcément une dynamique », glisse Évelyne Courtin-Mazana.
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