[Lettre ouverte] Régis Lagrifoul écrit à Michel Sapin
Expéditeur :
Régis Lagrifoul : Le secrétaire départemental de « Solidaires-Finances Publiques » est un militant de tous les combats. Souvent en tête de cortège, ce père de famille anti-austérité, est toujours prompt à défendre les intérêts des travailleurs. Il est aujourd’hui une figure du syndicalisme toulousain. En décembre dernier il déclarait : « Nous sommes l’administration qui a subi le plus de suppressions d’emplois dans toute la fonction publique. » Un homme en colère.
Destinataire :
Michel Sapin : Il est aujourd’hui le ministre des Finances et des Comptes publics de Manuel Valls, fonction qu’il avait déjà occupé sous Pierre Bérégovoy. Il a été auparavant le ministre du Travail de Jean-Marc Ayrault. Il est un proche de François Hollande.
Monsieur le Ministre,
En cette période de paiement des impôts et taxes, vous n’êtes pas sans savoir que les agents de votre administration, celle des Finances Publiques, sont en première ligne pour faire face aux doutes et aux difficultés des citoyen-e-s. Les doutes sur l’impôt, dont le sens et l’ampleur sont source d’incompréhensions majeures par rapport à notre système fiscal et sa capacité à être justement réparti. Doutes dans une période marquée par d’importantes difficultés économiques de la population. Enfin, doutes liés au comportement inacceptable de femmes et d’hommes politiques qui plombent la crédibilité des institutions. Dans les trésoreries locales et les centres des finances publiques, beaucoup de citoyen-e-s manifestent de plus en plus ce rejet, pour une, l’autre, ou l’ensemble de ces raisons. C’est un signal d’alerte majeur de voir le consentement à l’impôt reculer, mais aussi de voir s’exprimer comme jamais les doutes sur la justice réelle de notre système fiscal. Il y a d’autant plus urgence à redonner du sens à l’impôt que votre administration est en première ligne pour faire face à ces incompréhensions, pour répondre aux difficultés des redevables en proie aux effets de la crise et pour expliquer une législation de plus en plus complexe. Comme le disait un de vos prédécesseurs, les missions de la Direction Générale des Finances Publiques sont au « cœur de la République » et donc, de l’intérêt général. Or, dans le même temps, elle est une des administrations les plus touchées par les suppressions d’emplois et la baisse des moyens matériels et humains. Je vous invite donc à entendre le « ras-le-bol » des agents qui chaque jour font vivre le service public fiscal, foncier et de gestion publique, comme celui de la hiérarchie intermédiaire locale. Tous constatent chaque jour les difficultés à faire toujours plus avec toujours moins de moyens. Tous ont le sentiment de faire un travail d’une qualité dégradée au détriment des usagers (particuliers, professionnels, collectivités) et constatent dans le même temps la multiplication des tensions dans les services.
« La multiplication des tensions dans les services »
Mais au delà de ces constats les agents méritent un respect auquel je vous invite à accéder. En effet, vous manquez de respect à vos agents quand, en plus des suppressions d’emplois qui se multiplient chaque année, vous n’affectez même pas les effectifs annoncés et pourtant inscrits au budget. Dans notre département, ce sont ainsi plus de 45 emplois qui ne sont pas pourvus en ce moment. C’est un véritable « Hold-Up » en soi, pour les services et les chômeurs en attente d’un emploi, mais encore plus dans la situation actuelle. Elle est déjà extrêmement tendue et entraine des déséquilibres majeurs des équipes, mais aussi une profonde dégradation de l’exercice des missions. Votre première responsabilité est donc d’affecter de toute urgence les effectifs qui sont tant nécessaires à une administration qui les avait, elle-même, annoncés. Plusieurs parlementaires de Haute-Garonne vous ont interpellé sur ce sujet ces dernières années. Les personnels, avec leurs organisations syndicales, ont multiplié les actions sur ce sujet. Aujourd’hui, la moindre des choses serait que vous respectiez, au moins, vos propres engagements budgétaires !
Nous espérons donc vous lire rapidement et trouver enfin un engagement de votre part sur cette question.