Par négligence des parents ou pour cause de maltraitance, 4 524 mineurs étaient suivis par l’Aide sociale à l’enfance en Haute-Garonne au 31 décembre 2018. Si leurs besoins fondamentaux sont alors assurés, qu’en est-il de leur état psychologique ? De quelle manière sont-ils pris en charge ? Quelles sont les priorités des services sociaux ? Et comment garantir la primauté de l’intérêt de l’enfant ?
Protéger son enfantdans sa sécurité, sa santé et sa moralité, assurer son éducation et permettre son développement. Tels sont les devoirs des parents. Si, dans la majorité des cas, ces objectifs sont remplis, tant bien que mal, certaines situations familiales révèlent un manquement à ces obligations. Que ce soit pour des raisons de carences éducatives, de difficultés psychologiques ou psychiatriques ou d’addictions des parents, de violents conflits domestiques ou encore pour les éloigner d’un risque de danger ou d’une maltraitance avérée, la protection de l’enfance se doit « de mettre l’enfant à l’abri ».
« Première des préoccupations des services sociaux : la sécurité de l’enfant »
« C’est la première des préoccupations des services sociaux : la sécurité de l’enfant », explique la directrice du pôle Enfance et famille du Conseil départemental de Haute-Garonne, qui regroupe toutes les instances de protection de l’enfance, dont l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Un appui qui se matérialise par un soutien matériel, éducatif et psychologique aux familles en cas de défaillances susceptibles de compromettre gravement l’équilibre de l’enfant. En ultime recours, une prise en charge hors cellule familiale peut être envisagée : le placement.
« Dans la majorité des cas, les enfants sont placés à cause de la négligence des parents qui les laissent livrés à eux-mêmes », précise la directrice. Il s’agit là de mesures administratives. Les services sociaux s’assurent alors que le lien avec sa famille n’est jamais rompu. Car le placement est envisagé comme une étape provisoire. « Lorsqu’un enfant nous est confié, nous lui expliquons, pas à pas, tout ce qu’il va lui arriver. Et nous veillons à ne jamais discréditer ses parents. Le but étant qu’il les rejoigne une fois le problème familial résolu », témoigne-t-elle.
Un contrat moral est alors passé avec la famille, dont les droits restent ouverts. Une famille impliquée le plus possible dans le développement de l’enfant, même si celui-ci ne vit plus au sein du même foyer. Une sorte de garde alternée peut être organisée entre la famille et la structure d’accueil. « Les parents sont associés à tous les programmes mis en place, à toutes les étapes, au projet pour l’enfant (PPE) », insiste la directrice du pôle Enfance et famille.
« Il est indispensable que ces enfants gardent une figure d’attache »
Annuellement, ou tous les six mois pour les plus petits, le PPE est réévalué pour éviter que le placement ne dure trop longtemps. « La séparation de la famille peut être vécue comme un traumatisme. Il faut donc la limiter dans la mesure du possible, dans l’intérêt de l’enfant », indique la directrice du service.
Les enfants confiés à l’ASE peuvent également l’être via une mesure judiciaire en cas de danger encouru. Le lien avec la famille est alors généralement plus ténu, voire inexistant. Et c’est un juge qui décide d’un droit de visite, encadré, aux parents. Néanmoins, pour se construire, « il est indispensable que ces enfants gardent une figure d’attache, qu’ils puissent développer un lien affectif avec quelqu’un. Rôle souvent joué par leur référent », décrit-elle. Tout enfant placé dispose d’un travailleur social de référence qui, avec une équipe pluridisciplinaire, établira la prise en charge la plus adaptée au mineur.
Il peut s’agir d’un placement en famille d’accueil, en structure spécialisée ou à domicile. « Tout l’enjeu est d’identifier ce qui conviendra le mieux à l’enfant. Dans un premier temps, nous discutons avec lui pour savoir de quelle manière il vit la situation, pour qu’il mette des mots sur ses maux. » Car l’aspect psychologique est aussi pris en compte. « Il ne s’agit pas seulement de répondre aux besoins fondamentaux de l’enfant. Il faut élargir la prise en charge à son état général. Le positionner dans un environnement qui permettra un développement optimal », reprend la directrice. Et dans l’optique d’offrir une plus grande polyvalence d’accueil, le Conseil départemental a lancé, l’année dernière, un Plan diversification qui prévoit l’ouverture de 200 places supplémentaires pour le suivi à domicile d’ici 2020.
De même, une réflexion est menée pour assouplir le dispositif concernant des enfants atteints de troubles du comportement, ou du moins les rendre plus adaptables au cas par cas. Et le recrutement de familles d’accueil est toujours actif, notamment pour développer le placement en urgence par ce biais. Le Département a également ouvert des structures pouvant prendre en charge des mineurs non accompagnés ainsi que des lieux de vie pour assurer l’interaction en petits groupes. « Autant de mesures visant à étoffer les différentes possibilités d’accueil afin qu’elles correspondent au mieux aux besoins des enfants », conclut la directrice du pôle Enfance et famille.
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