Un an après l’Acte I des Gilets jaunes le 17 novembre 2018, le mouvement a connu une vraie mutation. Que reste-t-il des revendications initiales ? Qui demeure mobilisé ? Quel bilan tirer de ce mouvement d’une ampleur sans précédent ?
Il y a tout juste un an, près de 300 000 personnes se rassemblaient partout en France en arborant des gilets jaunes. Une mobilisation issue d’une pétition lancée en ligne contre la
hausse des carburants. Ronds-points, manifestations, barrages filtrants… Les regroupements sont nombreux et le mouvement des Gilets jaunes est né. Au fil des semaines, les revendications se multiplient et concernent aussi bien la question du pouvoir d’achat que l’emploi, l’environnement ou les institutions. Le mouvement se transforme également et des violences émaillent plusieurs rassemblements. Dès le mois de décembre, le président de la République annonce des mesures à hauteur de 10 milliards d’euros. Au total, l’addition en réponse aux manifestations s’élèverait à 17 milliards d’euros selon les déclarations de Bruno Le Maire en avril dernier.
Dans le cadre de ce mouvement, Toulouse a rapidement innové en créant des assemblées citoyennes devant l’absence d’organisation et de représentativité. À l’initiative de la Fédération citoyenne des Gilets jaunes de Haute-Garonne et de Jean-Michel Rossi, chauffeur de taxi mobilisé, le premier événement a lieu le 9 décembre. Pourtant, aujourd’hui, à la veille de l’Acte 53 et du premier anniversaire du mouvement, Jean-Michel Rossi « ne veut plus rien avoir affaire avec les Gilets jaunes. C’est complètement parti en sucette. Je ne suis pas du tout partisan des violences et des dégradations. »
Au contraire, Jean-Jacques, longtemps très impliqué, notamment dans le Vrai Débat, sera à nouveau dans la rue ce samedi, même s’il s’est mis un peu en retrait pour se préserver. « Ils nous ont eus à l’usure », regrette-t-il en présentant les mesures d’Emmanuel Macron comme « de la poudre aux yeux ». Selon lui, le Vrai débat, organisé par les Gilets jaunes en réponse au Grand Débat présidentiel, a montré que « le mouvement n’a rien de révolutionnaire au fond. Ce sont des demandes sensées comme l’ont illustré les synthèses faites par des chercheurs. » Il estime que les Gilets jaunes partagent un malaise social et une volonté d’aller vers une meilleure répartition des richesses même si le mouvement, très disparate, manque de structure et reste difficile à caractériser. « Emmanuel Macron peut bien mettre un peu d’argent par-ci, un peu d’argent par-là, c’est un problème de vision de la société », juge Jean-Jacques. « Il faudrait changer de modèle. »
Toujours en accord avec le sens premier du mouvement, il assure que seuls les plus radicaux sont encore dans la rue, « ceux qui veulent renverser le modèle capitaliste et mettre fin à la surconsommation qui détruit notre environnement. » Exceptionnelle par sa durée dans le temps, la mobilisation des Gilets jaunes s’est essoufflée, mais les manifestations actuelles des étudiants, des personnels de santé ou de la SNCF montrent que la colère sociale est toujours bien présente. L’anniversaire de ce week-end peut-il entraîner une convergence des luttes et une reprise du mouvement ?
Paul Périé
La rédaction
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