Pour la deuxième fois, la rentrée scolaire s’est faite en musique, selon les vœux du ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Une manière de commencer l’année « sous le signe de la joie et de la sérénité ». Au collège Jules-Michelet de Toulouse, on a parfaitement joué le jeu.
Les quelque 200 nouveaux élèves du collège Michelet n’en mènent pas large. Assis comme les autres à l’ombre du préau, Félix, tout juste 11 ans, n’a pas fermé l’œil de la nuit : « Je rentre en sixième et je ne connais personne ici ! » S’il stresse, c’est qu’il va devoir se faire des copains, s’habituer aux lieux, se lever plus tôt, changer d’enseignant toutes les heures, faire partie des plus petits alors qu’il était parmi les plus grands de l’école…L’entrée dans le secondaire est aussi angoissante qu’un examen. Catherine Anglade, la professeure de français de Félix vient le rassurer : « Moi non plus, je n’ai pas dormi, comme à chaque rentrée ! Mais il est normal et c’est même bon signe d’avoir un peu peur, qu’on soit tous ému… Ça veut dire qu’on est vivant, que les choses sont importantes et qu’on en a conscience. » *
Pour dédramatiser la situation et placer cette journée « sous le signe de la joie et de la sérénité », le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a voulu qu’elle se déroule en musique. Satisfait d’une première expérience annoncée à la hâte le 21 juin 2017 – jour de la fête de la musique – il a demandé cette fois à tous les établissements, sans exception, de proposer ce temps d’accueil musical convivial et créatif. « Débuter l’année par un moment de partage musical contribue au climat de confiance qui est indispensable pour la réussite des élèves. La rentrée en musique est un moment simple pendant lequel la communauté éducative a l’occasion de manifester son bonheur de se retrouver pour l’année qui commence », écrivait poétiquement le ministre aux recteurs d’académie en juin.
Particulièrement ouvert aux arts, le collège Michelet applique à la lettre la circulaire. « L’an dernier, nous avions été pris de court et nous étions restés dans quelque chose de basique… Contrairement à ce que l’on va entendre aujourd’hui ! » promet le principal, Bernard Vigouroux. « 15 élèves de troisième sont venus volontairement, alors que leur rentrée est prévue demain, pour accueillir les sixièmes en musique. »
Ainsi, un peu après 11 heures, résonnent dans la cour de récréation les premières notes du Carmen de Bizet, interprétées par Prune au piano et sa camarade Lisa au violon alto. Mais, surprise, lorsque les voix de Marianne et Alice viennent s’y ajouter, c’est pour chanter les paroles de la reprise de Stromae. Déjà tout ouïe, la jeune assemblée est aussitôt conquise : « Je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait des chansons… Ils chantent hyper bien ! » s’enthousiasme Valentine. Hippolyte, lui, se dit « choqué d’entendre de si belles voix, sans Auto-Tune ! (logiciel de modification vocale, ndlr) » : « C’est bien qu’ils puissent jouer ce qu’ils aiment », rajoute Manolo. Soul, variété, électro, classique… morceau après morceau, la magie opère et la musique adoucit l’ambiance.
Au point, semble-t-il, de dénouer les ventres : « Quand j’en écoute, cela me berce ou me fait voyager, j’ai l’impression d’être dans un autre monde », confirme la petite Anaïs, relaxée. Même Felix en oublie ses craintes : « La musique me fait vibrer, me fait rêver. J’ai adoré et je ne suis plus du tout stressé ! » Émue aux larmes par le spectacle, la professeur de français lâche : « J’ai trouvé merveilleux de commencer l’année d’une façon si artistique ! Cela donne envie de réaliser de très belles choses ensemble. On aurait vraiment intérêt à faire ça plus souvent ! Pour le plaisir, gratuitement… »
La rentrée en musique exprime aussi la volonté des pouvoirs publics de développer la pratique de la musique à l’école, en particulier le chant, dans le cadre du Plan chorale. Un nouvel enseignement facultatif de deux heures hebdomadaires pourra faire gagner des points au diplôme national du brevet. En la matière, le collège Michelet de Toulouse n’est pas en reste : 176 de ses 770 élèves disposent d’horaires aménagés pour conjuguer études générales et artistiques.
Leurs cours se déroulent dans une annexe du collège située rue Larrey et adossée au conservatoire de Toulouse, où ils suivent à la fois le programme scolaire et une formation en musique ou en danse. « Ils ont une chance exceptionnelle, ils n’ont qu’à traverser une cour pour se retrouver en salle de répétition ! Ce sont des élèves tout à fait épanouis! » constate Bernard Vigouroux.
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