Pour dépasser le stress de la rentrée ou faire face à des problèmes plus graves de phobie scolaire, la pédopsychiatre Hélène Denis invite les parents à ne pas se substituer à leurs enfants pour trouver des solutions. Et mise notamment sur la thérapie cognitive et comportementale pour apprendre à ces derniers à gérer eux-mêmes leur anxiété.
Pour Hélène Denis, pédopsychiatre, spécialisée dans l’anxiété chez les enfants et les adolescents, la manière la plus efficace d’aborder sereinement cette étape que représente la rentrée est d’accepter le stress : « Nous sommes dans une société où l’on ne veut plus d’émotions fortes dans le sens négatif. Mais il est important de rappeler que le stress fait partie de la vie, qu’il est normal d’en ressentir et qu’il est surmontable. L’être humain a des capacités incroyables pour élaborer des stratégies d’adaptation ».
Des mécanismes que l’enfant doit apprendre à développer lui-même. « L’erreur des parents est souvent de chercher des solutions à la place de leurs enfants alors que c’est à eux de faire l’expérience, de comprendre comment gérer leur anxiété. Il faut juste les accompagner, créer les conditions pour qu’ils aient confiance en eux et surtout miser sur la durée, les persuader qu’avec les jours qui passent, ça va aller de mieux en mieux, ce qui est le cas la plupart du temps », souligne Hélène Denis.
Mais alors que septembre est généralement le moment où la question du stress des élèves refait surface, la spécialiste précise que la rentrée scolaire n’en est pourtant qu’un élément déclencheur parmi d’autres. Au quotidien, la pédopsychiatre est confrontée à des problématiques plus graves que le simple stress. Depuis plus de dix ans, au sein d’une unité spécialisée du CHU de Montpellier, elle travaille auprès d’enfants atteints de refus scolaire anxieux, anciennement appelé phobie scolaire. « La différence est liée au degré d’intensité. Ce sont des jeunes qui ne dorment plus, vomissent et émettent le souhait de retourner à l’école mais n’y arrivent pas », détaille-t-elle.
Un syndrome aux causes multiples : peur des résultats, de la relation aux autres élèves, éloignement des parents… En raison de désaccords sur sa définition, l’ampleur du phénomène est difficile à mesurer. On estime que ce trouble toucherait de 5 à 28 % des enfants et adolescents à un moment donné de leurs parcours. Pour le soigner, Hélène Denis a été une des premières en France à faire appel à la thérapie cognitive et comportementale (TCC). « Cela consiste à étudier le fonctionnement de l’anxiété qui agit comme un cercle vicieux et de mettre en place des actions pour faire tourner ce cercle dans l’autre sens », explique-t-elle.
Grâce à des exercices de respiration, de relaxation et de défocalisation, les jeunes, hospitalisés par demi-journées, s’entraînent à devenir des professionnels de la gestion de l’anxiété. « L’objectif est toujours qu’ils retournent en classe. Nous y allons étape par étape, très lentement, et toujours en lien avec le corps enseignant. Au bout de quelques mois, la grande majorité des élèves finissent par être rescolarisés même s’il y a parfois des rechutes », note Hélène Denis. Ce processus implique bien sûr les parents. Si la pédopsychiatre refuse de les rendre responsables du trouble de leur progéniture, elle leur apprend à gérer leurs propres émotions et à prendre de la distance pour que les enfants gagnent en autonomie.
Bio
Hélène Denis est pédopsychiatre au CHU Peyre-Plantade de Montpellier. Elle est l’auteure de l’ouvrage ”Traiter les troubles anxieux chez l’enfant et l’adolescent”, paru aux éditions Dunod.
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