HOSPITALITÉ. Si l’on perçoit Toulouse et la région comme une terre d’accueil historique depuis la venue des Républicains espagnols, qu’en est-il réellement aujourd’hui ? Pour l’historien José Cubera et l’avocate spécialisée dans la défense des droits étrangers Flor Tercero, l’arrivée récente de réfugiés syriens relève d’un tout autre contexte.
« L’histoire ne se répète jamais, elle a même tendance à bégayer », lance José Cubero, à l’évocation d’un éventuel parallèle entre l’arrivée massive des Républicains espagnols dans les années trente et la récente présence de Syriens à Toulouse. Pour ce professeur d’Histoire à l’université du temps libre de Tarbes, auteur de plusieurs ouvrages sur les vagues d’immigration dans le Sud-Ouest, impossible de comparer les deux situations. « Nous sommes dans un cadre mondialisé. Avant, c’étaient les voisins qui venaient, aujourd’hui l’échelle est beaucoup plus large. L’autre grande différence est que la situation pour les Espagnols était très claire, il s’agissait de Républicains qui ont obtenu le statut de réfugiés politiques du fait de la dictature qu’ils fuyaient. La situation actuelle est plus floue et complexe », explique-t-il. Rien à voir non plus au niveau de l’ampleur. Entre la première vague de 1936 et la “reculada” généralisée de 1939, ce sont en tout près de 500 000 Espagnols qui ont traversé la frontière à cette époque. « Aujourd’hui, on a une impression de tradition d’accueil parce que les Espagnols se sont intégrés petit à petit et ont façonné la région mais hormis la proximité géographique avec l’Espagne, si l’on regarde l’ensemble des vagues de réfugiés en France, il n’y a pas de spécificité locale », poursuit José Cubero.
Flor Tercero, avocate toulousaine, ancienne élève de Science-Po aujourd’hui présidente de l’association Avocats pour la Défense des droits des étrangers (ADDE), assiste depuis une quinzaine d’années les demandeurs d’asile dans leurs démarches. Elle confirme le caractère aléatoire de l’arrivée de réfugiés. « On ne connaît pas exactement les raisons de la venue à Toulouse des Syriens. Une famille a tout simplement dû trouver une solution de logement et a ensuite prévenu d’autres familles », explique l’avocate, seulement alertée de la présence des Syriens au moment des menaces d’expulsion d’un immeuble des Izards. Un endroit où ils avaient trouvé refuge après être arrivés dans l’anonymat au début de l’année 2015. « Ce sont des personnes qui ont fui les bombardements dans lesquels ils ont tout perdu. Parmi eux, il y a des commerçants, un vétérinaire, ou encore un propriétaire d’immeubles. Des profils qu’on ne voit pas en temps normal ». L’avocate affirme également que si ces familles ne se sont pas manifestées à leur arrivée, c’est qu’elles n’étaient que de passage en France et ne comptaient pas faire leur demande d’asile ici par peur d’être dispersés. Finalement, contraints d’entamer les démarches suite aux menaces d’expulsion, certaines familles ont été transférées vers l’Espagne ou ailleurs en France. D’autres ont obtenu des places en Cada (Centre d’accueil des demandeurs d’asile) à Toulouse et sont en voie de régularisation. Ils rejoindront peut-être les réfugiés congolais, angolais, guinéens, tchétchènes, kosovars ou bien kurdes qui font d’ordinaire appel aux services de Flor Tercero et de son associée et finissent par se constituer en communauté à Toulouse. « Quand on leur demande pourquoi ils ont choisi cette ville, la réponse est claire. C’est le passeur qui leur a dit : c’est ici que tu vas faire ta demande d’asile, point barre. Il y a toujours à Toulouse, comme dans toute grande ville, des arrivées qui correspondent aux conflits dans le monde, mais je n’avais jamais vu ici de vague semblable à celle des Syriens », insiste Flor Tercero.
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