SOLIDARITÉ – Il y a plus d’un an, Mohammad et Najw, et leurs deux filles fuyaient les bombardements en Syrie. En octobre 2015, ils trouvent refuge à Ramonville, une des rares communes de Haute-Garonne à s’être portée volontaire pour accueillir des réfugiés. Une initiative qui leur a permis de prendre un nouveau départ.
Mohammad Awni ouvre la porte de sa maison avec le sourire. Sur la table de la grande pièce à vivre, Najw, son épouse, a disposé un gâteau et du jus de fruit, en signe de bienvenue. Le couple est habitué à recevoir du monde, « il y a souvent du passage ici », lance Najw en souriant, « des habitants viennent encore nous demander si l’on a besoin de quelque chose ».
Cela fait maintenant près d’un an que le couple de Syriens est installé dans une jolie toulousaine prêtée par la municipalité de Ramonville. Ils font partie des 30 000 réfugiés que la France s’est engagée à accueillir, d’ici 2017, dans le cadre du plan de relocalisation européen. Pour le maire de la ville, Christophe Lubac, il s’agit « d’une mission républicaine et de respect des droits de l’Homme ».
En 2013, la famille quitte la Syrie du jour au lendemain accompagnés de leurs trois neveux. Outre le danger de mort, les quatre hommes refusent d’être enrôlés dans les forces armées « et de tuer des gens », glisse Mohammad.
À leur arrivée, en octobre 2015, toute la commune se mobilise pour les accueillir : les associations et habitants les aident à meubler le logement. Le confort est simple. Un clic-clac rouge délimite un coin salon, une grande table le côté cuisine. Des retraités leur apprennent le Français. Des agents du Centre communal d’action sociale les aident dans leurs démarches administratives. En quelques mois, la famille obtient le statut de réfugié politique et une carte de séjour pour dix ans.
« Nous avons dû tout abandonner »
Aujourd’hui, les semaines de Mohammad et Najw sont rythmées par les cours de Français. 20 heures par semaine pour préparer le Diplôme initial de langue française (DILF). Une condition indispensable pour décrocher un emploi et obtenir l’équivalence de leurs diplômes. Mohammed, ingénieur en génie civil, trouve le temps long sans travail. « Je perds mon expérience, c’est difficile de ne pas pouvoir offrir une bonne vie à ma famille ». Najw, elle, aimerait continuer à être professeur de langue arabe, même si elle envisage « de se former à autre chose si c’est nécessaire ». En attendant, Mohammad cultive son potager à l’arrière de la maison. Il montre avec fierté ses tomates et ses variétés syriennes de courgettes qu’il offre volontiers à ses visiteurs.
Les rires de Taimaa et Maram, 9 et 6 ans, résonnent au fond du jardin. « Au début, quand elles entendaient un avion, elles pensaient que c’était un bombardement. Maintenant, ça va mieux », confie leur mère. Depuis leur arrivée en France, les deux fillettes ont repris le chemin de l’école après trois ans d’interruption.
Malgré ce nouveau départ, le souvenir de la guerre est vif pour toute la famille. « Nous avions construit petit à petit notre vie, avec deux salaires, un appartement, une voiture. Nous avons dû tout abandonner avec seulement deux sacs sur le dos », explique Najw, la voix nouée. Attablé dans la cuisine, Mohammad détaille avec précision chaque date, chaque étape de leur éprouvant exil. De cette matinée où leur appartement détruit dans un bombardement jusqu’à leur arrivée en Allemagne. « En septembre de l’année dernière, nous étions sur un bateau gonflable pour traverser la mer Égée. Une fois, le moteur s’est arrêté en pleine mer », se souvient-il en commentant des photos que Najw fait défiler sur son téléphone portable. Aujourd’hui encore, les rares nouvelles qui leur arrivent de leur famille restée en Syrie sont mauvaises. Leur avenir s’écrit donc ici. Les Al Faraj bénéficieront d’un logement social dès qu’une place se libèrera. « Nous voulons rester ici, car nous pouvons imaginer un futur », glissent-ils.
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