L’association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN), qui lutte contre la pollution lumineuse, profite du second confinement pour sensibiliser citoyens et collectivités à la réduction de l’éclairage extérieur « inutile et disproportionné ». En Occitanie, de plus en plus de communes semblent prendre la mesure du problème… ou presque.
80 % des Français sont favorables à l’extinction de l’éclairage public en milieu de nuit, selon un sondage OpinionWay pour l’Association nationale pour la protection du ciel et de l’environnement nocturnes (ANPCEN). « C’est deux fois plus qu’il y a six ans », constate Michel Deromme, correspondant Sud-Ouest du collectif. Pour lui, c’est la preuve que la problématique de la pollution lumineuse interpelle de plus en plus de citoyens, qui font désormais attention à réduire leur éclairage extérieur.
À l’échelle des collectivités, les mentalités semblent changer également. « En France, 12 000 communes pratiquent l’extinction de l’éclairage public en milieu de nuit, aux heures creuses », précise l’ANPCEN. En Occitanie, plus particulièrement, c’est dans le Lot que la prise de conscience a été la plus précoce : « De nombreux villages et petites villes de ce département s’y sont mis dès 2005. Des municipalités de l’Aude, de l’Hérault et de Haute-Garonne ont emboîté le pas », témoigne Michel Deromme. Celui-ci note également que leurs motivations ont évolué. La protection de l’environnement a pris le dessus sur les raisons purement économiques.
Pour sensibiliser les communes à la pollution lumineuse, l’ANPCEN profite maintenant du confinement. « Le premier, qui a eu lieu au printemps dernier, a incité des municipalités qui pratiquaient déjà l’extinction des lumières dans les rues, a augmenter le créneau horaire, éteignant plus tôt les réverbères. De nombreuses collectivités se sont également décidées à la tester en milieu de nuit. Et rares sont celles qui ont fait machine arrière depuis », observe le correspondant de l’association. Partant du principe qu’il était inutile d’illuminer les espaces publics pendant le couvre-feu ou le confinement, période durant laquelle les citoyens n’ont de toute façon pas le droit de circuler, « elles ont constaté une réduction de leur budget “éclairage public” et la satisfaction de leurs administrés », explique Michel Deromme.
À Baziège, dans le Lauragais, par exemple, la municipalité a réalisé un sondage auprès de ses administrés, via sa page Facebook, pour recueillir l’opinion des habitants du village. Une grande majorité des 267 personnes interrogées s’est prononcée pour l’extinction des feux durant la nuit. La mairie s’est alors exécutée.
Car, dans de nombreux cas, c’est après une sollicitation des riverains que les collectivités se penchent sur la question. Ainsi, pour aider les citoyens à interpeller leurs élus locaux, l’ANPCEN a mis en ligne une lettre type, spécialement éditée pour les périodes de couvre-feu et de confinement. Elle demande aux équipes municipales d’étudier toutes réductions d’éclairages inutiles, dès maintenant, puis au-delà du confinement. Avec, à l’appui, un rappel des textes de loi qui imposent déjà une limitation des nuisances lumineuses.
Et si les prises de conscience se multiplient parmi les élus des petites et moyennes communes, « quelle que soit leur couleur politique », précise Michel Deromme, la tâche est beaucoup plus ardue avec les grandes villes et les métropoles. « Toulouse et Montpellier sont d’ailleurs de mauvais élèves en la matière. Nous nous heurtons à une volonté politique qui œuvre en faveur du “tout éclairé” », confie-t-il :
L’argument de la sécurité de l’espace public leur est opposé. « Pourtant, sans éteindre totalement l’éclairage, il existe maintes solutions pour le limiter », insiste le correspondant Sud-Ouest de l’ANPCEN, qui cite le ciblage des quartiers résidentiels ou la diminution de la puissance d’éclairage des lampadaires, le changement de couleur pour le rendre moins agressif, ou encore l’orientation stricte sur la rue…
Mais, « malgré nos sollicitations, nous n’observons aucun résultat dans les deux métropoles d’Occitanie », regrette Michel Deromme. Une déception déjà nuancée en juin 2019 par la mairie de Toulouse. Emilion Esnault, alors conseiller municipal en charge de l’éclairage public, énumérait dans un article du JT, les efforts du Capitole en la matière : « Nous avons abaissé la consommation annuelle de 30% et modernisé les installations, à l’aide d’appareils directifs qui n’éclairent pas vers le haut. ».
Des actions jugées minimes par l’association, d’autant plus qu’à l’approche de Noël, la mairie de Toulouse vient de confirmer que les illuminations (700 motifs et 10 kilomètres de guirlandes) et le sapin géant étaient maintenus.
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