Alors que la campagne de la primaire écologiste, qui se déroulera à partir du 16 septembre, bat son plein, voici parmi les militants EELV et autres membres du pôle écologiste à Toulouse et dans la région quels sont les soutiens des cinq candidats en lice.
À partir du 16 septembre prochain, militants et sympathisants écologistes sont invités à désigner le ou la candidate qui représentera leurs couleurs lors des élections présidentielles de 2022. Pour cette primaire écologiste, toute personne de plus de 16 ans a la possibilité de voter afin de départager les cinq personnalités en lice : Sandrine Rousseau, Eric Piolle, Yannick Jadot, Delphine Batho et Jean-Marc Governatori. Il suffit pour cela de signer une charte des valeurs écologistes avant le 12 septembre et de s’acquitter d’une participation à prix libre, d’un minimum de deux euros.
Alors que les cinq prétendants s’apprêtent à confronter leurs idées dans la dernière ligne droite à l’occasion de trois débats, différents comités de soutiens fleurissent à Toulouse et dans la région pour faire grandir la mobilisation en faveur de leur poulain respectif. La semaine dernière, ce sont notamment les partisans d’Eric Piolle qui ont annoncé la création d’un comité de soutien. Sans surprise, parmi ces derniers figure la principale tête d’affiche locale d’Europe Écologie les Verts (EELV), Antoine Maurice. Candidat aux dernières municipales et régionales, celui-ci ne fait pas de mystère de sa sympathie pour le maire de Grenoble, qui lui avait apporté son soutien en venant à Toulouse en décembre dernier, pendant la campagne des régionales.
“Constance, crédibilité, lisibilité…”, le conseiller municipal ne tarit pas d’éloges sur son candidat. “Sa force, par rapport aux autres, c’est d’être en exercice du pouvoir à Grenoble et d’avoir déjà démontré sa capacité à rassembler. Tout son parcours, y compris avant sa carrière politique, prouve qu’il est fidèle à une ligne claire. Il a toutes les qualités du futur président de la République et, en 2022, nous ne jouerons pas pour témoigner mais pour gagner”, avance Antoine Maurice. Au delà de la personnalité, celui-ci voit en Eric Piolle le candidat le plus à même de rassembler la famille écologiste dans un premier temps, puis de faire d’EELV “le pilier central d’un arc humaniste pouvant aller des anciens LREM à une partie de la France Insoumise”.
Autre personnalité locale à soutenir Eric Piolle, l’ancien maire socialiste de Toulouse Pierre Cohen, aujourd’hui membre du mouvement Génération.s (qui fait partie du pôle écologiste), est le co-référent du comité de soutien haut-garonnais en compagnie de la ramonvilloise Christine Arrighi (EELV). Orphelin de Benoît Hamon, fondateur de Génération.s qui a décidé de rester en retrait de la vie politique, Pierre Cohen confie s’engager pour celui qui porte “un projet global de gauche” le plus conforme à ses idées. “Je me retrouve dans son discours sur l’écologie politique mais aussi sur la défense des services publics, la lutte contre les inégalités et la mondialisation. Il a une vraie crédibilité pour exercer le pouvoir, ce que l’on pouvait reprochait auparavant aux Verts”, appuie-t-il. Persuadé que le mouvement écologiste doit être capable de réunir l’ensemble des forces de gauche, Pierre Cohen estime, en outre, que Yannick Jadot, autre candidat faisant office de favori, est moins compatible avec cet objectif, évoquant notamment la présence de ce dernier à la manifestation organisée par les syndicats de police en mai dernier.
Si la proximité entre le rassemblement réussi à Grenoble par Eric Piolle et la démarche d’Archipel Citoyen aux dernières municipales toulousaines semble légèrement faire pencher la balance en faveur de ce dernier dans la Ville rose, Yannick Jadot y a lui aussi ses partisans. Dont le secrétaire régional d’EELV, Régis Godec. L’ancien conseiller municipal de Toulouse assure que les forces, au niveau local, sont assez équilibrées entre les trois candidats à la primaire écologiste membres d’EELV (Sandrine Rousseau, Eric Piolle et Yannick Jadot). Pour lui, pas de doute, le député européen est le meilleur, “le seul qui a une assise suffisante pour convaincre au delà des écologistes”. “La présidentielle est la seule élection qui ne nous sourit pas car, jusque-là, nous avions des candidats qui parlaient surtout aux convaincus. Dans un contexte politique où les polarités traditionnelles n’existent plus, Yannick Jadot a la notoriété et la compétence pour aller chercher des électeurs au delà et incarner une offre politique nouvelle autour du pôle écologiste. Jamais nous n’avons eu une personnalité aussi prête pour l’échéance”, développe-t-il.
Pour appuyer ses propos, Régis Godec évoque les 40 000 à 50 000 personnes qui s’apprêtent à voter pour la primaire. Bien au delà des 8000 membres que revendique EELV au niveau national. “Yannick Jadot est capable de parler à tout le monde, ceux qui ont voté Macron en 2017 en pensant qu’il était à gauche et en sont revenus, comme ceux qui ont voté pour Mélenchon simplement parce qu’il était le mieux placé à gauche”, poursuit le secrétaire régional. Dans les rangs de Yannick Jadot en Occitanie, on retrouve également les anciens conseillers régionaux Gérard Onesta, Guillaume Cros et Véronique Vinet. Ou encore le conseiller municipal de Ramonville Henri Arévalo.
Moins connue que ses deux collègues d’Europe Ecologie les Verts, l’économiste Sandrine Rousseau est incontestablement devenue l’attraction de cette campagne pour la primaire écologiste. Une dynamique qui se confirme en Occitanie où, malgré l’absence de véritables réseaux au sein du parti EELV, la candidate a semé des “Graines” auprès des militants. C’est d’ailleurs le nom des comités de soutien qui ont fleuri un peu partout en France. “Sandrine Rousseau se distingue de ses concurrents sur la question de la radicalité environnementale et de la sincérité dont elle fait preuve en prônant un changement important, qui sera difficile mais joyeux”, avance Bruno Paternot, élu EELV à la métropole de Montpellier et coordinateur du comité de soutien de Sandrine Rousseau en Occitanie, en compagnie de la lotoise Krystèle Appourchaux pour la partie ex-Midi-Pyrénées.
L’écologiste vante également le caractère écoféministe de la candidature de Sandrine Rousseau. “Elle fait le lien entre les différentes prédations sur la nature, les pauvres, le corps des femmes, des salariés, des personnes racisées… Ce sont les même mécanismes auxquels elle souhaite mettre fin à travers une société du soin”, poursuit Bruno Paternot. Une radicalité clivante totalement assumée par ses défenseurs : “On ne parle plus que d’elle, en bien ou en mal, peu importe. Elle est en phase avec le temps présent.” Et des qualités reconnues par les partisans des autres candidats comme Régis Godec qui évoque un “phénomène incontestable”.
Autre candidate sur la ligne de départ : Delphine Batho. Députée, ancienne ministre de l’écologie durant le mandat de François Hollande, elle est également présidente de Génération Écologie. Un parti qui dispose d’une antenne en Haute-Garonne depuis le mois de mars 2021. Et dont les membres, tels Régine Lange, ancienne adjointe toulousaine à l’écologie, Yannick Lacoste, adjoint au maire de Saint-Jean ou Jean-François Robic, conseiller municipal à Balma, sont également les initiateurs du comité de soutien qui vient d’être créé dans le département. Des partisans qui mettent en avant “l’écologie ambitieuse, pédagogique et pour tous” portée Delphine Batho.
“Elle veut rassembler toutes les personnes qui se posent des questions sur l’urgence écologique au delà des clivages. Elle est la seule à assumer clairement de parler de décroissance. C’est un terme qui fait peur car il est mal expliqué mais de nombreux gestes du quotidien relèvent de la décroissance sans que l’on en ait forcément conscience. C’est la seule solution, nous voyons bien aujourd’hui que la croissance du PIB n’est plus du tout liée à l’emploi”, affirme Yannick Lacoste.
Ce dernier souligne également une autre particularité de sa candidate : “Elle est également la seule à dire qu’elle irait jusqu’au bout si elle était désignée par la primaire et qu’elle ne négocierait pas avec un autre éventuel candidat de gauche. L’urgence est telle qu’il est inenvisageable qu’il n’y ait pas de candidat écologiste au premier tour des présidentielles”, poursuit Yannick Lacoste. Faisant allusion aux concurrents de Delphine Batho, qui envisagent de rassembler plus largement après la primaire ou de prendre part à d’autres types de désignation, comme la Primaire populaire.
Quant à Jean-Marc Governatori, conseiller municipal d’opposition de la ville de Nice et coprésident de Cap Écologie, celui-ci ne semble pas bénéficier de soutien à Toulouse et dans la région en vue de la primaire écologiste. “Il ne représente que lui-même”, ironisent certains militants locaux. S’il fait en quelque sorte office d’intrus dans cette campagne, l’ensemble des écologistes interrogés se félicitent de l’entente cordiale qui règne entre les candidats à la primaire. “Tout se passe bien. Par le passé nous avons connus des primaires beaucoup plus tendues, avec notamment Nicolas Hulot qui avait été attaqué brutalement. Nous avons des candidats qui se respectent et qui peuvent nous représenter dignement”, indique ainsi Régis Godec.
En effet, tous affirment sans sourciller qu’ils soutiendront le ou la gagnant(e) de la primaire, quelque soit son identité. D’ailleurs, si les différents comités de soutien vont continuer à se mobiliser à Toulouse d’ici le scrutin du 16 septembre, c’est aussi pour qu’un maximum de citoyens participe à la primaire écologiste et faire de celle-ci un succès. car un autre point commun réunit les partisans des différents candidats : tous sont convaincus que l’hypothèse d’un président de la république écologiste n’a jamais été aussi crédible.
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