Le collectif d’éducation populaire La Volte organise des ateliers d’arpentage à la Cave poésie de Toulouse. Une manière originale de débattre de textes engagés.
Comprendre un texte engagé à plusieurs, en quatre heures. Se l’approprier, en discuter et découvrir sans peine des pensées, des auteurs, des théories. Telles sont les promesses des ateliers d’arpentage, qui ont lieu neuf fois par an à la Cave Poésie de Toulouse. Des échanges organisés par le collectif d’éducation populaire toulousain La Volte. « Le choix du livre dépend de nombreux critères : des envies ou de la taille du groupe, de la complexité ou de la pagination de l’ouvrage », précise Jérôme de Daran, animateur, formateur et accompagnateur au sein de l’association.
Qu’il s’agisse d’un essai, d’un roman, voire d’un album de bande dessinée, il sera physiquement déchiré en autant de morceaux qu’il y a de participants : « Ce geste peut perturber, mais c’est une façon de désacraliser le rapport au livre et d’en faciliter l’accès. » Après une heure de lecture individuelle, vient le temps de l’échange : « Il ne s’agit pas alors de faire une fiche de l’œuvre. Mais de partager ce que l’on a appris et ressenti, ce sur quoi l’on est d’accord ou pas, ses expériences personnelles en lien avec les idées exprimées. »
« Nous essayons de faire écho à ce qui se passe dans la société »
Un moment d’écoute qui doit apporter à chacun des éléments de compréhension supplémentaires, de nouvelles connaissances, l’envie de lire, ou pas, le manuscrit en entier, ou celle de revenir… « Nous invitons les participants à devenir les coanimateurs des ateliers suivants », ajoute Jérôme de Daran.
Le dernier qui s’est tenu à la Cave Poésie avait pour titre ‘’Comment la non-violence protège l’État ?’’ « Nous essayons de faire écho à ce qui se passe dans la société », précise l’accompagnateur. Après le féminisme et le patriarcat, seront abordés en 2019 les thèmes de l’anarchie, du travail et de l’économie, « qui ne doivent pas être réservés à des experts ». L’animateur indique que l’arpentage est né à la fin du XIXe siècle, au sein de collectifs d’ouvriers « qui voulaient justement s’approprier les savoirs. » « Pour lire ‘’Le Capital’’ de Marx, mieux valait s’y mettre à plusieurs ! », conclut-il.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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