En ligne, chacun est invité à contribuer au Grand débat national. Le gouvernement a lancé sa plateforme participative, tout comme quelques acteurs des civic tech, qui comptent bien, eux aussi, faire parler les citoyens. C’est le cas de Politizr.com, cofondé par Lionel Bouzonville.
« Il existe une volonté d’expression bouillonnante que notre plateforme permet de prolonger de manière constructive », commence Lionel Bouzonville, cofondateur de Politizr. Lancée il y a trois ans, l’application, qui se présente sous la forme d’un réseau social, fait dialoguer les citoyens et les élus, chacun pouvant donner son point de vue ou expliquer sa démarche. À la faveur du mouvement des Gilets jaunes, le nombre d’utilisateurs actifs a doublé : « Nous avons davantage ouvert notre système afin que chacun se réponde. Et nous faisons en sorte que l’on puisse s’insérer à n’importe quel moment dans une discussion, pour la faire avancer. » Politizr compte donc bien également animer le Grand débat national.
Consultations citoyennes, pétitions, votations… C’est la société Cap Collectif qui domine actuellement le secteur de la démocratie participative numérique française. La start-up, qui a contribué à plus de 750 projets depuis 2014, dont les récents États généraux de l’alimentation, administre la plateforme du Grand débat national, mais aussi celle du ‘’Vrai débat” lancé par un groupe de Gilets jaunes, ou encore celle du mouvement Démocratie ouverte. « Cap Collectif propose une sorte de boîte outils, un modèle qui est dupliqué en fonction des différentes communautés ou collectivités auxquels il s’adresse », résume Lionel Bouzonville. Cette technologie est qualifiée de propriétaire, car son code n’est pas accessible aux autres développeurs. Alors que la plupart des acteurs de la civic tech travaille sur une base de logiciel libre, comme Decidim, mis au point par la mairie de Barcelone et utilisé par 25 institutions en Belgique et en France (dont la Commission nationale des débats publics).
Reste à savoir comment faire remonter les centaines de milliers de propositions recueillies sur tous ces sites. Faut-il sélectionner celles des contributeurs les plus loquaces ? Celles qui suscitent le plus de réactions ? Les mieux notées ? Comment entendre une autre parole que celle des militants les plus mobilisés ? « Ce sont des questions que tous les spécialistes du domaine se posent. De notre côté, nous faisons travailler des chercheurs qui vont nous aider à faire le tri. Il existe des outils informatiques d’analyse de données qui en extraient des tendances. Même si, en la matière, rien ne remplacera le regard humain », confie le cofondateur de Politizr.com.
Les puissances de calcul et l’agilité des algorithmes seront donc mises au service du plus grand nombre. Comme l’a décidé par exemple la société Fluicity, en proposant aux maires ruraux un système pour rassembler et classer les doléances de leurs citoyens. « Tout est encore très ouvert à ce stade », euphémise Lionel Bouzonville, qui voit dans cette consultation, à une échelle inédite, une formidable opportunité démocratique : « Le simple fait d’échanger et de confronter son point de vue avec un autre est positif incite à s’impliquer davantage dans la gestion de la cité, pour faire bouger les choses. Cela peut même susciter des vocations d’élus. »
Lionel Bouzonville
Développeur informatique et formateur, Lionel Bouzonville a cofondé Politizr.com en 2015, avec Thomas Champion. Il est également ancien conseiller municipal de Foix, en Ariège.
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