2 Novembre 2025
2 Novembre 2025
Pour passer le temps dans le mรฉtro ou vivre des aventures extraordinaires de chez soi, pour s’endormir le soir ou apprendre ร cultiver son potager, il n’y a que des bonnes raisons de lire. Sans parler des bienfaits de l’activitรฉ sur la santรฉ. Pas besoin d’en faire un roman donc, le JT ouvre ses pages ร ceux qui rendent la lecture contagieuse.
Dans le monde des livres, les bonnes nouvelles sont rares ces derniers temps. Lโactualitรฉ fait rรฉguliรจrement รฉcho au ralentissement que connaรฎt le marchรฉ depuis plusieurs annรฉes. A printemps 2018, le Conseil permanent des รฉcrivains (CPE) a mรชme lancรฉ le mouvement ”Auteurs en colรจre” pour alerter les pouvoirs publics sur leur prรฉcarisation grandissante. Une situation due ร la baisse inexorable du nombre de lecteurs, accaparรฉs par lโomniprรฉsence des รฉcransย ? Pas du tout. Les auteurs pointent plutรดt du doigt une mauvaise rรฉpartition de la richesse crรฉรฉe.
Car le principal enseignement de lโenquรชte commandรฉe ร Ipsos en 2017 par le Centre national du livre (CNL) est clairย : les Franรงais lisent de plus en plus. Entre 2015 et 2017, le nombre de livres lus par an, en moyenne, est passรฉ de 16 ร 20. Une augmentation qui sโexplique par une quantitรฉ plus importante d’ouvrages lus au format papier par les grands lecteurs, et par une part croissante de lecteurs de livres numรฉriques. Et mรชme si le CNL concรจde ยซย une part de ressentiย ยป dans les dรฉclarations, pas de risque dโexagรฉration. Les sondรฉs ont au contraire tendance ร minimiser leur pratique. Ainsi quand 84ย % se disent lecteurs, ils sont en rรฉalitรฉ 91ย % ร avoir lu au moins un ouvrage dans lโannรฉe, quel que soit le genre.
Car un livre nโest pas forcรฉment une ลuvre de haute volรฉe. Dโailleurs, si les romans, en particulier policiers, sont plรฉbiscitรฉs, les livres pratiques sont en forte croissance et arrivent en seconde position des genres les plus prisรฉs devant les BD, mangas et comics. ยซย Globalement, la France reste un pays de lecteurs mรชme sโil existe un dรฉsรฉquilibre entre les hommes et les femmes et entre les รขgesย ยป, rรฉsume Vincent Monadรฉ, le prรฉsident du CNL. Une tendance qui se constate notamment dans lโessor du numรฉrique.
Si le profil type du lecteur sur รฉcran reste en majeure partie jeune et diplรดmรฉ, il sโest considรฉrablement fรฉminisรฉ et la pratique progresse aussi chez les plus de 65 ans. Toutefois, 2ย % seulement de Franรงais dรฉclarent lire uniquement de maniรจre numรฉrique et 22ย % alternent avec le papier. Quant aux motivations des lecteurs, les clichรฉs ont la vie dure. Une distinction de sexe apparaรฎt clairement, les hommes affirment lire en premier lieu pour approfondir leurs connaissances tandis que chez les femmes, la notion dโรฉvasion prime.
Enfin, concernant lโaccรจs ร la lecture, outre la forte progression (+8%) de lโachat dโoccasion, lโenquรชte rรฉvรจle surtout lโattachement non dรฉmenti ร lโobjet livre. 70ย % des sondรฉs prรฉfรจrent en effet les possรฉder que les emprunter. Sans surprise, les ventes en grandes surfaces culturelles et les boutiques en ligne augmentent au dรฉtriment de celles rรฉalisรฉes en librairie. Et parmi les raisons invoquรฉes par les personnes ne frรฉquentant pas ces derniรจres, 32% imaginent que les prix y sont plus รฉlevรฉs.
Un chiffre qui tรฉmoigne ยซย de la mรฉconnaissance persistante de la loi sur le prix unique du livre en vigueur depuis 1981ย ยป, indique lโรฉtude. Une รฉvolution des pratiques soulignรฉe par Chantal Horellou-Lafarge dans son ouvrage ”Sociologie de la lecture”. La chercheuse s’y interroge : ยซ Le livre, devenu produit-marchandise, ne va-t-il pas transformer la lecture en un acte de consommation de moins en moins culturel ?ย ยป
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