Projections. Cinélatino célèbre cette année ses 30 ans. Un festival à la renommée internationale dont on ne mesure pas toujours l’ampleur à Toulouse qui assure un soutien important au développement du cinéma latino-américain. Et un lieu de fête, enfin, qui n’a jamais oublié ses racines militantes.
© Adan PaulIl y a la partie émergée de l’iceberg, loin d’être anecdotique. Celle que de plus en plus de Toulousains attendent de pied ferme, comme l’ouverture officielle de la saison des manifestations culturelles en plein air. Un festival où l’on peut flâner à la buvette dans la cour de la Cinémathèque tout en écoutant du bon son. Ou bien pousser la porte d’une salle pour découvrir le meilleur du cinéma latino-américain. Mais la partie immergée de Cinelatino est encore plus profonde que ce que l’on pourrait imaginer.
Cela fait plus de 30 ans que l’association Arcalt tisse des ponts avec les peuples latinos. Un engagement d’abord politique, social et médical, transformé en engagement culturel à la chute de la dernière dictature sud-américaine en 1989. « Du fait de ses racines militantes, l’association a toujours pris en compte la dimension industrielle du cinéma pour favoriser le développement et la diffusion des productions latino-américaines », rappelle Eva Morsch Khin, responsable de la programmation fiction du festival. C’est dans cette optique qu’a été mise en place dès 2002 l’initiative Cinéma en construction, un dispositif pionnier visant à aider la finalisation de projets de films via des projections en présence de producteurs.
Résultat, Cinelatino est aujourd’hui un soutien et un acteur important du cinéma latino-américain de ce côté de l’Atlantique. « Les films en compétition à Toulouse sont toujours présentés en exclusivité nationale car le festival est un gros enjeu pour eux. Non seulement le public toulousain est très connaisseur mais beaucoup de professionnels se déplacent pour l’occasion. De plus, grâce à un réseau de salles très dense, les films peuvent réaliser dans la région jusqu’à 12 % de leur nombre total d’entrées en France », détaille la programmatrice.
Dans la ville aussi, le festival a pris une place de choix. Et pour fêter son trentième anniversaire, c’est justement cette trace immatérielle qu’ont voulu sonder les organisateurs en invitant le public à sélectionner 16 films présentés lors des 10 dernières éditions. Une programmation événement donc, également composée de cartes blanches confiées à des personnalités ayant un lien parfois insoupçonné avec l’Amérique Latine comme Julie Gayet et Nadia Turincev, fondatrices de la société de production Rouge International, Nahuel Perez Bizcayart, acteur argentin révélé dans 120 battements par minute ou la comédienne Bérénice Bejo. Autre anniversaire oblige, un focus sur l’année 1968 en Amérique Latine sera aussi organisé.
Environ 150 films sont programmés au total, sans critères de genre. Une sélection loin d’être exhaustive mais qui en dit long sur l’évolution de la société latino-américaine. « Nous nous sommes par exemple rendus compte que depuis 2016, les femmes sont de plus en plus sur le devant de la scène dans le cinéma chilien. Un mouvement que nous mettons à l’honneur cette année », révèle Eva Morsch Khin. Un festival politique donc, fidèle à l’esprit de ses fondateurs.
Infos pratiques :
Du 16 au 25 mars, différents lieux à Toulouse, cinelatino.fr
Toulouse la Sud-américaine
Le temps du festival, c’est toute la ville qui se met à l’heure latino avec des projections dans plusieurs salles de cinéma mais aussi dans les musées, les médiathèques ou les centres culturels. Des projections de courts-métrages en plein air, square Charles de Gaulle, auront lieu pour l’inauguration. Enfin, la grosse fiesta Cinelatino se déroulera dans la cour de l’Esav, rue du Taur.
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