SUBVERSIF. Pour la 5e année consécutive, Toulouse deviendra Groland le temps d’un festival de cinéma. Du 19 au 25 septembre, la joyeuse équipe de l’association A Côté, organisatrice du Fifigrot 2016, les membres du jury et les différents invités vont tenter de provoquer l’ordre établi à travers des films mais aussi des livres, des expositions et des conférences.
©Kevin FiguierTout part de Groland. Ce pays fictif imaginé par l’équipe du présentateur Jules-Édouard Moustic. Un endroit qui ressemble étrangement à la France mais qui en est une parodie. Lors d’une émission télévisée diffusée sur Canal +, le faux journal de cette fausse nation, l’animateur s’amuse ainsi à critiquer avec humour l’actualité française et internationale.
Ce qui va se passer à Toulouse pendant une petite semaine est un peu l’équivalent du Festival de Cannes de ce lieu imaginaire. Les bénévoles d’A côté l’organisent pour mettre en avant la liberté de ton instaurée par l’émission de Jules-Édouard Moustic. Une manière de féliciter les artistes les plus impertinents. Gérard Trouilhet, l’un des administrateurs de cette association, annonce donc la couleur : la programmation sera provocante. « Si nous avons créé cet évènement, c’est pour montrer des œuvres qui n’ont pas leur place ailleurs, à cause de la censure ou parce qu’elles n’ont pas eu de succès auprès du grand public », explique-t-il.
130 projections sont ainsi prévues dont celles de 64 longs-métrages et d’une centaine de courts-métrages. Dix films concourront pour gagner l’Amphore d’or, une récompense accordée par un jury composé, entre autres de Yolande Moreau, comédienne et réalisatrice lauréate de trois Césars, de Vincent Lacoste, acteur connu notamment pour son rôle dans “Les beaux gosses” ou encore du fameux Jules-Édouard Moustic.
«Tous ces moyens nous permettent de défendre la liberté d’expression, de ton, de création, de sens critique, de droit à la caricature. Nous refusons toutes formes de contrainte », raconte le bénévole. Toujours dans cet état d’esprit, un colloque organisé à Mix’art Myrys donnera de quoi réfléchir sur le thème de la censure. Des films polémiques ont été soigneusement choisis pour l’occasion. À l’instar du long métrage Les négriers, jugé choquant et interdit de sortie en salles dans sa version d’origine.
Un prix littéraire grolandais mettra aussi à l’honneur des écrivains subversifs. Sont en lice des œuvres comme celle d’Abbie Hoffman intitulée “Volez ce livre”, ou encore “Depuis qu’elle est morte, elle va beaucoup mieux” de Franz Bartelt. Des concerts, des expositions sont aussi prévus, toujours dans la même veine.
Tout cela se déroule aux quatre coins de la ville, dans des cinémas bien sûr, mais aussi dans des bars, au Connexion, à la Cave Poésie ou encore dans la cour de l’Esav, l’École supérieure d’audiovisuel. « C’est un foutoir sympathique, un endroit bon enfant un peu bordélique mais où les choses se passent bien », décrit Gérard Trouilhet. L’un des rares festivals du genre où le public se mêle naturellement aux cinéastes, acteurs et autres membres du jury.
L’organisateur ajoute : « Quand on est lycéen et qu’un professeur nous tyrannise, on aime l’imaginer dans une scène cocasse ou humoristique pour éviter l’angoisse. C’est ça l’état d’esprit du festival. » Il assure pour autant que l’évènement n’a rien de militant : « Nous voulons faire du subversif joyeux. » Et quand on lui demande si à force de vouloir provoquer, les organisateurs n’ont pas peur de choquer, il répond en souriant « C’est ce qu’on espère !
Et aussi
Le collectif Bar-bars est aussi de la partie. Des séances de cinéma, des concerts, sont organisés gratuitement autour de différents comptoirs toulousains comme Le Petit Vasco, Le Communard, L’Esquille, Le Nasdrovia. Des bars qui se transformeront aussi en terrain de jeu puisque, du 19 au 23 septembre, une grande chasse au trésor est prévue. Ouverture des inscriptions : lundi 19 septembre, à partir de 17h, au bistrot du “GroVillage”.
Infos pratiques
Commentaires