TRAQUE. De plus en plus de données personnelles d’internautes se perdent dans les méandres de la toile. Cela peut-être à cause d’usagers mal intentionnés mais aussi de logiciels aux conditions d’utilisation obscures. Les victimes du numérique se multiplient et tentent d’organiser leur défense.
«J’ai un souci, peux-tu me rappeler au 08… » C’est en substance ce qui est apparu sur le mur Facebook des amis de Sivilay Nachampassak. Cette Toulousaine n’a pourtant pas posté ce message et encore moins demandé à ce qu’on la joigne à ce numéro. Quelqu’un était en train d’usurper son identité pour extorquer de l’argent à ses contacts. Quand elle a compris que son compte avait été piraté, cette mère de famille a avant tout eu peur : «Je ne voulais pas qu’on utilise les nombreuses photos de mes enfants que j’ai mises en ligne», raconte-t-elle. Puis elle a demandé à son fils de sécuriser son compte : sa page personnelle est passée de “publique” à un accès privé, elle a changé de photo de profil et même trouvé un pseudonyme.
Ensuite, un de ses amis a appelé le numéro de téléphone communiqué dans le message de l’usurpateur : «Il a dit à la personne qui a décroché d’arrêter de nous embêter, et prévenu que si elle continuait, on porterait plainte», décrit-elle fièrement. «Je touche du bois, mais depuis je n’ai plus été piraté.» Si elle semble aujourd’hui rassurée,Sivilay Nachampassak confie que cette expérience a changé son comportement sur Internet : « Depuis, je vérifie que mes informations restent bien privées avant de poster quelque chose. » La Toulousaine continue en revanche de publier de nombreuses photos de sa vie privée. Des images de ses enfants, de ce qu’elle mange et de ses animaux animent régulièrement son profil.
«Je protège mes informations en n’acceptant pas n’importe qui comme ami»
Elle se méfie des autres utilisateurs d’Internet, mais n’a pas l’air de s’inquiéter de l’utilisation de ses données personnelles par le géant Facebook. «Je protège mes informations en n’acceptant pas n’importe qui comme ami», explique-t-elle. Pourtant, les internautes qui se jouent de l’illégalité ne sont pas les seuls à s’intéresser aux informations privées. Pour Séverine Benoit-Teres, avocate au barreau de Toulouse et spécialisée dans la protection des données personnelles, la première chose à faire avant de s’inscrire sur un réseau social est d’aller voir un professionnel qui peut aider à décrypter les conditions d’utilisations. «Aujourd’hui, les gens signent des contrats sans les lire», s’inquiète-t-elle.
L’avocate se souvient aussi d’un client qu’elle a défendu : «Google avait récupéré sa photo et elle apparaissait quand il tapait son nom dans le moteur de recherche.» Après l’envoi de courrier et une mise en demeure de l’avocate, le litige s’est finalement réglé à l’amiable et le géant du web a accepté de retirer l’image conflictuelle. D’autres victimes du numérique vont jusqu’à attaquer réseaux sociaux et hébergeurs web en justice ou encore portent plainte à la gendarmerie qui a les capacités de retrouver les personnes cachées derrière les piratages et autres arnaques. De son côté, Sivilay Nachampassak a trouvé une solution radicale : «Si l’on me vole encore des informations personnelles, j’arrêterai d’utiliser Facebook.»
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