Une centrale à béton crée la polémique à Saint-Orens-de-Gameville. Aux dires de la mairie, elle aurait été construite sans autorisation. Les riverains, opposés à l’implantation d’une telle activité industrielle, souhaitent savoir si les manquements réglementaires sont avérés. Le JT a vérifié.
La centrale à béton avant qu’elle ne soit coffrée dans un entrepôt« À 100 mètres de chez moi, j’ai aperçu d’immenses silos en train d’être cachés dans un bâtiment en construction », raconte Christian Blayac, habitant de Saint-Orens-de-Gameville. Il vit plus précisément avenue de la Marqueille, là où plusieurs de ses voisins ont également observé un curieux manège : la création d’une centrale à béton par le groupe haut-garonnais Garrouste Béton. Inquiet, il en avertit les services municipaux. Face aux réclamations portées par ses administrés, désormais organisés en association, Dominique Faure, maire de Saint-Orens, répond qu’elle n’a jamais autorisé l’installation de cette activité, via un communiqué de presse daté du 11 juillet 2018.
Le JT s’est donc rendu sur place pour prendre acte de cette usine à béton. Mais au 51 avenue de la Marqueille, comme indiqué par le collectif, se dresse un entrepôt. Nulle trace de la centrale décrite. « Elle est à l’intérieur. Ils ont bâti un hangar autour », explique Christian Blayac qui a observé toutes les phases des travaux et a pris des photos de la centrale avant qu’elle ne soit enfermée dans un entrepôt.
La rédaction s’est procuré le permis de construire dont l’exploitant doit être titulaire, selon l’article R 421-5 du Code de l’urbanisme. Il a bien été déposé une demande le 22 juillet 2016 pour l’adresse concernée, mais sur laquelle il n’est question que de « la construction d’un bâtiment à usage d’activités industrielles ». L’intitulé restant vague, nous avons consulté « la courte description du projet » qui doit être détaillée en page 4 du dit document. Là encore, pas plus de précisions, exactement la même phrase y est répétée. Pourtant, l’adjoint au maire en charge de l’urbanisme, Serge Jop, valide le permis le 25 novembre 2016. « Patrice Garrouste a dit, à l’oral, qu’il voulait réparer des bateaux », explique Thierry Gusse, directeur général des services. Mais sur les documents, cette justification n’apparaît nulle part.
Or, c’est bien une centrale à béton qui a été implantée, comme l’a constaté un agent assermenté, commissionné par la mairie. Il a d’ailleurs dressé un procès-verbal d’infraction et l’a transmis à la préfecture. Car, aucun permis de construire n’a été déposé pour l’édification de cette usine. L’exploitant devait même réaliser une déclaration en préfecture (Arrêté du 26/11/11) s’agissant d’une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE) dont la capacité de malaxage est inférieure ou égale à 3 m³, et la joindre à la demande de permis de construire selon l’article 512-15 du Code de l’environnement. Celle-ci est introuvable sur les archives des services de l’État.
Coïncidence ? Le même Patrice Garrouste, qui n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations, avait fait, en 2014, une déclaration en préfecture et déposé une demande de permis de construire à la même adresse pour une centrale à béton, pour finalement la retirer sans plus d’explications. Seulement voilà, la déclaration en question n’est valable que trois ans. Le signalement de cette infraction a été signifié au procureur de la République, qui lancera ou non des poursuites judiciaires.
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