La plateforme Politizr, conçue tel un réseau social de la citoyenneté, a organiséé du 15 janvier au 15 mars dernier son propre Grand débat. Une initiative indépendante qui livre aujourd’hui son rapport final.
« Quoi de plus logique pour Politizr que d’organiser son propre Grand débat ! » estime Lionel Bouzonville, cofondateur de la plateforme occitane créée en 2016. Celle-ci permet aux citoyens, élus ou collectivités d’échanger, d’interpeller ou de répondre par commentaires interposés, sur tout sujet politique. « Les discussions font partie de notre ADN. Alors, quand Emmanuel Macron a appelé à l’élaboration de Grands débats, nous l’avons pris au mot », lance-t-il.
Fort de leur compétence en matière de débat démocratique, Politizr s’affranchit de toutes polémiques de partialité. « La plateforme officielle du Grand débat national a été accusée d’aller dans le sens de la politique d’Emmanuel Macron. Quant à celle des Gilets jaunes, baptisée ‘’Le Vrai débat’’, il lui a été reproché de faire le jeu des manifestants », constate Lionel Bouzonville qui défend son initiative « totalement indépendante ».
« Une lecture humaine nous assure une plus grande précision »
Ainsi, du 15 janvier au 15 mars, le site Politizr a recueilli 10 000 contributions auprès de 6 000 internautes. « Si nous avons choisi de respecter ces sujets prédéfinis par le gouvernement, nous y avons également inclus des thématiques identifiées lors de nos opérations précédentes comme l’immigration, les retraites et le handicap », explique Lionel Bouzonville.
Pour décrypter toutes les contributions, les organisateurs ont fait appel à plusieurs chercheurs de l’Institut Mines-Télécom Business School, école de management située à Évry. Ces derniers ont effectué ‘’un codage manuel’’. L’un d’entre eux a ainsi déchiffré toutes les propositions faites sur le site. « Comparée aux résultats émanant d’une analyse par algorithmes, cette lecture humaine nous assure une plus grande précision », insiste le cofondateur de Politizr. L’intervention de l’Homme permettant d’éviter les contresens, de recontextualiser les commentaires et de vérifier le sens de chaque phrase postée.
Et sans véritable surprise, la thématique économique concentre le plus de contributions (30%), faisant de l’ISF, des impôts sur le revenu et de la lutte contre l’optimisation fiscale des sujets phares. Les préoccupations concernant les revalorisations de salaires et la limitation des plus gros ont aussi fait l’objet de nombreuses propositions (30%), « ce qui est moins évident dans le Grand débat national du gouvernement eu égard à la formulation fermée des questions… », constate Lionel Bouzonville. Quant à la thématique des “Institutions” qui recueille 14 % des contributions, la reconnaissance du vote blanc et la mise en place de scrutins à la proportionnelle pour chaque élection tiennent le haut du panier.
En revanche, “les élus.e.s” et les questions environnementales ne cumulent respectivement que 9 et 8 %. « Même si les propositions y étaient concrètes et intéressantes, le sentiment de consensus sur ces préoccupations a peut-être dépassionné le débat », tente d’analyser le fondateur de Politizr, précisant que tous les résultats de cette consultation seront transmis aux partis politiques ainsi qu’aux syndicats, « en espérant qu’ils en fassent bon usage ». En attendant, la plateforme Politizr a repris son fonctionnement normal. Les discussions s’y poursuivent.
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