Vivement critiquée pour ses tarifs et retards, la SNCF, et son monopole, sur le transport ferroviaire est de plus en plus remis en question. Les services postaux sont quant à eux ouverts à la concurrence depuis cinq ans sans que la qualité soit au rendez-vous.
Jean-Bernard Rinaldi
Vice-président de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir
Le monopole de la SNCF est néfaste aussi bien du point de vue de la qualité que des coûts du transport ferroviaire. Il faut savoir que la fréquentation des transports régionaux est en hausse en Midi-Pyrénées et que la qualité de ceux-ci est une préoccupation majeure des consommateurs (la 3e après la sécurité et le logement). Un enjeu crucial est bien sûr la ponctualité puisque la majorité des usagers prend le train pour se rendre sur son lieu de travail ou d’études, soit en moyenne dix fois par semaine. Or en 2014 les TER de la région Midi-Pyrénées gérés par le Conseil Général ont affiché un taux de ponctualité de seulement 88%. Sur les 20 régions françaises, Midi-Pyrénées se place au 15e rang pour la ponctualité est au 17e rang pour le taux d’annulation.
Malgré l’octroi de moyens supplémentaires, la ponctualité reste un échec de la SNCF. Depuis 2004, la région Midi-Pyrénées a investi 291 millions d’euros, principalement pour la rénovation du matériel. Les coûts d’exploitation des TER s’élèvent ainsi à 23€ du train-kilomètre, ce qui nous situe à la 18e place nationale, alors qu’en Allemagne, où le marché ferroviaire est comparable à celui de la France et où la qualité des TER est au rendez-vous, il n’est que de 14,7€ du train-kilomètre. Pour l’UFC Que Choisir, une remise à plat s’impose et l’indemnisation des voyageurs doit être approfondie. Cinq régions seulement ont mis en place un mécanisme d’indemnisation en cas d’incidents répétés sur une ligne TER.
Enfin, moins de 1% de la subvention d’exploitation est attribuée à la SNCF en fonction de la qualité du service fourni, une rémunération trop faible pour être une véritable incitation à l’amélioration. Une ouverture à la concurrence, par le biais d’appels d’offres, permettrait jusqu’à 20% de baisse des coûts d’exploitation des TER selon une étude du Centre d’analyse stratégique (organisme rattaché au Premier ministre et devenu depuis France Stratégie) réalisée en 2011.
Mélanie Fauchon
Secrétaire Départementale CGT fédération des activités postales et de télécommunication (FAPT) 31 Activités Postales
Contrairement aux idées reçues, La Poste ne détient plus le monopole en matière d’acheminement du courrier et des colis. Le marché est totalement ouvert à la concurrence depuis 2010. Force est de constater que les usagers paient le prix fort de cette ouverture à la concurrence : augmentation significative des tarifs, dégradation de la qualité de service, délais d’acheminement plus longs, amplitude horaires des bureaux de poste de plus en plus restreinte… Sans parler de la stratégie de La Poste qui provoque elle-même la fin du service public postal au profit d’un service à plusieurs vitesses : La Poste des villes & La Poste des champs ! Certains usagers doivent maintenant se rendre parfois chez le boucher, parfois au Carrefour Market pour retirer leur lettre recommandée ! Le service public postal manque de plus en plus de lisibilité aux yeux des usagers, les particuliers payent plus cher que les professionnels, la relation de proximité entre citoyens et postiers perd tout son sens au profit d’une relation purement mercantile.
Alors qu’en 1980, la norme était le J+1 distribué avant midi… En 2015, recevoir son courrier (quand il est distribué) à 15h en J+2 est le lot quotidien d’une grande partie des usagers, quel progrès !
La théorie selon laquelle la mise en concurrence d’une activité bénéficie aux consommateurs en termes de tarifs ou qualité de service est clairement remise en cause.
Pour la CGT, au même titre que le droit à la santé, à l’éducation ou l’eau, le droit à la communication répond aux besoins fondamentaux de l’ensemble de la population.
Il ne suffit pas de scander l’égalité comme précepte de notre république, il faut la mettre en œuvre ! Il est grand temps que l’État réaffirme les missions de service public qui garantissent l’égalité d’accès et de traitement pour tous les usagers. Cela passe par un maillage couvrant l’ensemble du territoire en matière de service public.
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