En raison d’un mouvement des Gilets jaunes qui s’éternise, la Région Occitanie lance un nouveau dispositif de soutien aux petits commerçants du centre-ville. Ces subventions directes sont destinées à soulager leur trésorerie.
©Caroline Léna Becker« Personne ne pouvait préjuger de la durée du mouvement des Gilets jaunes. Les premiers dispositifs d’aide aux commerçants que nous avons lancés étaient adaptés à une situation exceptionnelle d’urgence. Nous n’avions pas imaginé que nous en serions encore là au début de l’été », explique Nadia Pellefigue, vice-présidente de la Région Occitanie en charge du développement économique. Ainsi, après des aides à la réparation et des prêts exceptionnels, la collectivité vient de lancer un nouveau dispositif destiné aux plus fragilisés. Une subvention directe pour soutenir la trésorerie des entreprises de moins de 50 salariés ayant subi, sur un trimestre, une baisse d’au moins 15 % de leur chiffre d’affaires comparé à la même période l’année précédente. Cette aide, plafonnée à 15 000 euros, intervient à hauteur de 15 % de la perte enregistrée et peut grimper jusqu’à 20 % si le demandeur a contracté un prêt bancaire de trésorerie. Elle est puisée dans le fonds de 4,5 millions d’euros débloqué au début du mouvement par la Région et dont 3,3 millions ont été consommés à ce jour.
« Certains ne se payent plus depuis plusieurs mois »
« Ce nouveau dispositif a été rapidement établi à partir d’un constat réaliste et partagé avec les commerçants sur les niveaux préoccupants de baisse de chiffre d’affaires. Certains ne se paient plus depuis plusieurs mois », souligne Nadia Pellefigue. C’est le cas notamment d’Éric Trémège, agent immobilier : « En tant que franchise d’un grand groupe, nous avons particulièrement été ciblés alors que nous ne sommes que des petits commerçants. Depuis que nous avons ouvert, il y a un plus d’un an, je ne me suis pas octroyé un centime de salaire », témoigne-t-il. Ce dernier a bénéficié d’une aide de 6 595 euros pour faire face aux détériorations et est éligible au nouveau dispositif, pour lequel il s’apprête à entamer les démarches.
Si près de 200 entreprises ont déjà été accompagnées, difficile d’évaluer le nombre réel de potentiels bénéficiaires : « C’est une population qui n’a pas l’habitude de demander. Tous les mois, ils ont l’espoir d’avoir de meilleurs résultats », observe Nadia Pellefigue. Avant ses conclusions finales, la commission parlementaire “Impact Gilets jaunes” a, elle, estimé le coût économique des manifestations à 7,5 millions d’euros à Toulouse (contre 3 millions à Bordeaux). Ces subventions directes sont donc accueillies avec soulagement : « Plus que des étalements de charges, c’est ce dont nous avons besoin en ce moment. Nous espérons que l’État et d’autres collectivités suivront. Pour autant, il faudra qu’un jour les consommateurs puissent réinvestir le centre-ville. C’est l’enjeu majeur », affirme Jean-Marc Martinez, président de la Fédération des artisans, commerçants et professionnels de Toulouse.
Une réunion avec Carole Delga, présidente de la Région, est d’ores et déjà planifiée pour faire le point à la fin du mois de septembre. « Nous n’avons pas encore d’éléments pour attester d’un changement d’habitudes profond chez les consommateurs, mais nous prévoyons déjà des campagnes de communication pour redynamiser les commerces de proximité », annonce Nadia Pellefigue.
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