Unanimes. Une fois n’est pas coutume, le Journal Toulousain accueille deux invités au Florida, pour analyser l’actualité nationale. De la place du Royaume-Uni au sein de l’Union européenne, à l’idée du paquet de cigarettes à 10€, en passant par la proposition de lier les aides sociales à une charte de bonne conduite républicaine, Victor Ermet et David Porte nous livrent leurs commentaires.
Par Coralie Bombail et Séverine Sarrat
Victor Ermet et David Porte, qui s’exprime ici en tant que citoyen et non en tant que porte-parole de la FPIP, ont répondu présents à notre invitation à petit-déjeuner au Florida. Café, croissants et thé trônent sur la table… ce qui tombe très bien puisque le premier sujet que nous abordons est la question de la situation du Royaume-Uni vis-à-vis de l’Europe, “a cup of tea” à la main. Outre-Manche, les velléités à quitter l’organisation européenne se font sentir et David Cameron, Premier ministre anglais était à Bruxelles pour négocier avec les autres pays membres un compromis qui permettrait à son pays de rester au sein de l’Union et éviter le Brexit (sortie de l’UE). Les Britanniques s’exprimeront à ce propos lors d’un référendum, prévu d’ici la fin 2017 au plus tard. « Personnellement, je ne suis pas favorable à la sortie du Royaume-Uni, ce serait un véritable séisme pour une Europe déjà fragilisée par la crise dite des migrants », explique David Porte, « en revanche, s’ils restent, ils doivent se plier aux mêmes règles que tous les autres ! » Ce à quoi fait référence le policier est le régime d’exception que s’est alloué le Royaume-Uni : non-participation à l’espace de liberté, de sécurité et de justice, dérogations à l’obligation d’adopter l’Euro pour monnaie, conservation de la souveraineté nationale en matière de droits fondamentaux… « C’est le problème ! Ils ont toujours eu un pied dedans et un dehors. Mais nous ne pouvons pas nous passer d’eux, car ils représentent la 5e puissance économique mondiale », poursuit David Porte. Victor Ermet va dans le même sens et valide la forme en condamnant le fond : « L’idée d’un référendum est une bonne initiative, mais en ces temps de crises économiques et d’un climat terni par le terrorisme, est-ce le moment pour les pays européens de se poser ce type de questions ? » Ce débat imposé par le Royaume-Uni ne trouve pas d’écho favorable autour de la table, ou du moins pas en ce moment. Cette remise en question des principes mêmes de l’Europe est un coup dur aux dires de nos invités, « qui risquerait d’installer une instabilité économique et sécuritaire », comme le souligne David Porte. « D’ailleurs, il est nécessaire de revoir les frontières », le coupe le jeune Républicain, « nous ne pouvons pas laisser un tel espace de libre circulation avec une telle menace terroriste sur nos têtes, l’Europe doit repositionner des contrôles aux frontières, faire bloc et non se diviser ! »
« Il est difficile de développer un projet d’ensemble si chacun suit ses propres règles. » David Porte
En tous les cas, le comportement de l’Angleterre fait les affaires des eurosceptiques qui ne boudent pas leur plaisir, à l’image du Front national. « Le contraire m’aurait étonné », lance Victor Ermet, « je ne suis pas d’accord avec eux, en revanche je concède que l’Europe doit être revue, car elle n’a pas évolué avec son temps. Nous ne nous sommes pas adaptés aux crises migratoires et économiques qui étaient pourtant prévisibles. » Idée partagée par David Porte qui soulève la nécessité de repenser l’Europe et tous les accords qui ont été signés, établir une politique différente, « sans toutefois tomber dans les extrêmes ! » En tous les cas, pour nos deux invités, sortir de l’Europe et revenir au franc n’est pas la solution aux problèmes contemporains, comme semblent le penser les Anglais. Car comme le rappelle le policier, « il est difficile de développer un projet d’ensemble si chacun suit ses propres règles. » En parlant de règles, il en est une qui ne dérogera pas à la tradition, celle d’augmenter le prix du tabac. Marisol Touraine l’a confirmé, elle souhaite voir le prix du paquet de cigarettes atteindre les 10€. Après la mise en place du paquet neutre, ce sera donc la prochaine étape du gouvernement si ce projet est voté, ce qui laisse dubitatifs nos deux invités. « Cela ne fera pas arrêter les fumeurs de fumer », s’exclame Victor Ermet, suivi de David Porte : « simplement, les gens iront acheter leurs cigarettes ailleurs qu’en France et le marché parallèle explosera ! » Les gouvernements successifs n’ont toujours pas trouvé le moyen de faire diminuer le tabagisme de manière significative, « et l’augmentation du prix ne peut être déterminant pour des gens qui ont une addiction et ne la maîtrise pas », précise l’étudiant, estimant que le gouvernement « est à côté de la plaque ! » Le simple constat de David Porte résume leurs pensées : « dans les autres pays européens, les paquets sont moins chers, pourtant il n’y a pas plus de fumeurs ! » Et pour ce qui est de la contrebande, elle sera difficile à réguler, parole de ‘’flic’’ ! L’uniformisation des prix au sein de l’UE pourrait-elle y remédier ? Pas pour Victor Ermet qui observe que ce sont les taxes françaises qui font la différence et empêchent les buralistes de survivre, « il faudrait donc plutôt mettre l’accent sur la prévention… quitte à emmener les jeunes dans les hôpitaux pour qu’ils prennent conscience de ce qu’ils risquent. » Cette idée est validée par son voisin de table qui estime que « les jeunes ont besoin de concret, de voir, pour se sentir concernés. »
« Il faut que ceux qui perçoivent des aides aient un contrat moral avec l’État ! » Victor Ermet
C’est justement ce que souhaiterait Édouard Courtial, un proche de Nicolas Sarkozy, pour les bénéficiaires des aides sociales, « qu’ils se sentent un peu plus concernés par les principes républicains qui gèrent notre société ! » Le député propose ainsi que soit lié à l’obtention de toute aide sociale, la signature d’une charte avec laquelle le bénéficiaire « réaffirmerait son lien à la nation […] en respectant les principes fondamentaux de la République telles la laïcité et l’égalité homme-femme. » Pour David Porte, « l’idée de fond semble bonne, mais comment contrôler le respect de cette charte ? » Mais finalement, le but est-il de ne pas délivrer de prestations sociales à ceux qui ne voudraient pas signer cet engagement ou de sensibiliser les bénéficiaires aux valeurs républicaines ? Pour Victor Ermet, « c’est purement symbolique, mais tout à fait normal. Il faut que ceux qui perçoivent ces aides de l’État français aient un contrat moral avec ce dernier ! » Pour lui, il s’agit d’une première étape de sensibilisation aux principes de la République. « Quand on reçoit, il faut être prêt à rendre des comptes », explique, pragmatiquement David Porte, qui voit là également un moyen de lutter contre les fraudeurs… Aucun n’y voit une quelconque stigmatisation des bénéficiaires de prestations sociales… Nos deux invités terminent donc leur petit-déjeuner dans une entente cordiale et une parfaite harmonie… De telles affinités que Victor Ermet tente même de proposer la carte des Républicains à David Porte qui déclinera en riant : « Non merci, je suis apolitique ! »
Mini-bios :
Victor Ermet : Étudiant en immobilier à Toulouse Business School, il est également responsable des Jeunes Républicains depuis juillet dernier. Militant depuis l’âge de 16 ans, il a « grandi dans un environnement familial où l’avenir de la France avait son importance », c’est ainsi qu’il trouve une origine à son engagement.
David Porte : Engagé dans la police depuis maintenant 21 ans, il a toujours exercé à Toulouse. Au sein de sa profession, il a choisi de briguer des fonctions syndicales et est devenu tour à tour secrétaire de la Zone Sud-Ouest pour la FPIP (Fédération professionnelle indépendante de la police), puis, depuis trois semaines, secrétaire général fédéral.
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