Piège. Ces derniers, jours, le conseil régional a cherché le meilleur consensus autour de l’appellation Occitanie pour la région LRMP, quasi-contrainte par les résultats de la grande consultation publique.
«Ne pose pas une question si tu n’es pas certain de vouloir en connaître la réponse.» Ce vieux proverbe, les élus de la grande région y ont sans doute pensé au moment de préparer le débat sur le nom du nouveau territoire. Dans l’entourage de Carole Delga et au sein du monde socio-économique, deux propositions se détachaient : Languedoc-Pyrénées et Pyrénées-Méditerranée. Avant que ne tombe le verdict de la grande consultation publique souhaitée par la présidente. Une procédure inédite en France, que les résultats ont peu ou prou convertie en plébiscite. Placé en première position par plus de 40 % des 204 000 votants, le nom Occitanie s’est imposé comme une évidence. Et c’est lui qui sera soumis à l’assemblée régionale ce vendredi.
«Si le vote avait été plus serré, la marge de manœuvre aurait été plus grande. Mais à partir du moment où le vote est clair, qu’il est inattaquable tant sur la sécurité du scrutin que sur sa représentativité, il engage les élus», confirme l’écologiste Gérard Onesta, vice-président de Région. Son collègue socialiste Fabrice Verdier confirme : «Occitanie est devenue incontournable.»
« À partir du moment où le vote est clair, il engage les élus. »
En revanche, tous s’accordent de la nécessité d’étoffer ce simple nom. De remplir un maximum de critères parmi ceux jugés déterminants par le Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) : histoire, géographie, culture, rayonnement, sentiment d’appartenance. Cela a été tout l’enjeu de ces derniers jours, durant lesquels Carole Delga a multiplié les consultations «auprès de tous les groupes politiques, de ceux qui ne se retrouveraient pas forcément dans Occitanie», explique Fabrice Verdier.
Pour Jean-François Laffont, président du collectif Convergéncia Occitana, «l’Occitanie sera bientôt connue à l’international au même titre que la Bavière ou l’Andalousie. Mais l’apport d’un sous-titre peut renforcer la dimension géographique. »
La délibération qui sera soumise au vote ce vendredi prévoit ainsi «d’enrichir par une référence permanente aux Pyrénées et à la Méditerranée» le nom de la région. «Ces termes pourront être, dans certaines occasions, traduits en langue catalane et occitane». Preuve qu’il s’est aussi agi de ménager toutes les sensibilités. Parmi les mécontents, figure Jean-Louis Chauzy, le président du Ceser : « Notre institution a été saisie sur ce sujet par le préfet et par Carole Delga. Il faut écouter ceux qui ont été officiellement sollicités. Si les sondages d’opinion tiennent lieu de décision, le débat de l’assemblée régionale est empêché. »
Selon la députée socialiste Monique Iborra, soutien de Philippe Saurel aux dernières régionales, ce grand chamboulement aurait pu être évité : «La démocratie participative nécessite de la proximité et est difficilement applicable à une région de 5 millions d’habitants encore en pleine fusion. Aujourd’hui, il n’y a plus d’autre choix que de voter Occitanie, mais ce nom fera aussi des mécontents.»
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