Depuis une dizaine d’années, les acteurs de la prévention des risques professionnels sensibilisent les entreprises sur les effets directs ou indirects de cette démarche sur leur performance. Guy Hourriez, ingénieur-conseil à la Carsat Midi-Pyrénées, détaille ce processus.
Considérer la prévention des risques professionnels non comme un coût mais plutôt comme un investissement. C’est tout l’enjeu des acteurs de cette filière, dont fait partie la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat). Une étude menée par l’Association internationale de sécurité sociale fait état d’un rendement sur trois ans de 2,20 euros pour 1 euro investi. L’organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP) a, de son côté, recueilli 85 exemples concrets et démontré que pour 100 euros engagés dans une démarche préventive, les gains s’élèvent à 234 euros.
« Un mécanisme qu’ont bien compris les grands groupes mais qui reste obscur pour les PME », constate Guy Hourriez, ingénieur-conseil à la Carsat de Midi-Pyrénées. « Nous avons du mal à leur prouver qu’un accident du travail coûte bien plus cher que les actions de prévention. Si la Sécurité sociale prend en charge les soins et les indemnités d’un salarié concerné, elle se rembourse ensuite via des cotisations ponctionnées à l’entreprise. Les sociétés de plus de 50 employés en perçoivent immédiatement le poids mais pas les PME, dont les cotisations sont mutualisées par branches professionnelles », précise-t-il.
D’autres arguments peuvent alors les séduire, « car la performance induite par la prévention n’est pas seulement financière », comme l’explique Guy Hourriez. Il s’agit d’une approche globale dans laquelle s’inscrit également la garantie qualitative de la production : « Toute démarche liée à l’amélioration des conditions de travail engendre une diminution de l’absentéisme et donc un maintien de la qualité des produits ou des services. »
L’image de l’entreprise en est aussi impactée. « 43 % d’entre elles disent ne pas vouloir nouer de partenariat avec une société ayant fait l’objet d’une mauvaise communication en termes de sécurité de travail », détaille l’ingénieur de la Carsat. Une incidence donc sur de potentiels marchés. « Certains appels d’offres publics étant même conditionnés aux indicateurs de sinistralité des candidats », ajoute-t-il.
L’élément humain reste le principal vecteur entre la prévention et la performance de l’entreprise. D’abord, parce qu’offrir de bonnes conditions de travail à un salarié l’incite à être lui-même acteur du processus d’optimisation de l’efficacité à son poste. Ensuite, parce qu’une entreprise proactive en matière de sécurité parviendra plus facilement à conserver ses employés et donc ses compétences. De même, lors d’un recrutement durant lequel une structure cherche à s’attacher les services des meilleurs, les conditions de travail peuvent devenir un critère de choix pour les postulants.
Sans compter tous les bénéfices indirects liés à la démarche : « Pas de surcoûts dus à l’arrêt de la production en cas d’accident, au rachat du matériel cassé, au retard de livraison, au remplacement du salarié concerné », énumère Guy Hourriez. Un engrenage délétère pouvant être évité par la mise en place d’un cercle de prévention vertueux. La Carsat en a fait une priorité et espère déclencher un engagement massif des entreprises dans l’amélioration des conditions de travail.
Ingénieur-conseil régional adjoint à la Caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) de Midi-Pyrénées.
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