Malgré sa tradition d’hospitalité et de mixité sociale, les inégalités s’aggravent à Toulouse, comme dans toutes les métropoles. Gentrification, ghettoïsation, exclusion… Les défis sont nombreux pour préserver une ville accueillante.
© john-moeses-bauanLe mythe d’une cité qui brassait toutes les classes sociales est-il en train de s’effondrer ? Comme dans toutes les grandes villes, le processus de gentrification est à l’œuvre à Toulouse. « La situation n’est pas la pire chez nous. Malgré la hausse des prix, le marché immobilier reste plus accessible que dans de nombreuses métropoles », précise pourtant Marie-Christine Jaillet, directrice de recherche CNRS au Laboratoire interdisciplinaire solidarités sociétés territoires (Lisst).
« Néanmoins, il est indéniable que, dans les quartiers de faubourg historiquement peuplés d’ouvriers et d’employés, nous observons un basculement sociologique. Un phénomène qui touche également les communes de la première couronne de la périphérie. »
Pour autant, le flux permanent de nouveaux arrivants dans l’agglomération n’est pas uniquement constitué de cadres et d’ingénieurs attirés par le dynamisme économique, mais aussi de ménages modestes, de personnes en grande précarité ainsi que de réfugiés. Et contrairement à l’idée d’une fracture entre des villes où tout irait bien et des zones rurales ou périurbaines concentrant toutes les difficultés, « la pauvreté se trouve d’abord à l’intérieur des métropoles avec des écarts sociaux qui ne cessent de s’aggraver », affirme la chercheuse, également présidente du Conseil de développement de Toulouse Métropole (Codev).
« Des écarts sociaux qui ne cessent de s’aggraver »
Une disparité confirmée par une étude de l’Insee publiée en 2016, qui évoque à Toulouse une double surreprésentation, à la fois de la pauvreté mais aussi des catégories les plus aisées. Avec 13,5 % des habitants ayant un revenu annuel inférieur à 8 400 euros et 12,7 % bénéficiant de ressources supérieures à 57 160 euros, le profil de la distribution des niveaux de vie atteste d’inégalités croissantes.
Sans surprise, les populations les plus précaires se concentrent dans les quartiers de la politique de la ville (QPV), majoritairement au Sud (Grand Mirail, Empalot, Rangueil) mais aussi au Nord (Les Izards-La Vache). « Il y a eu un véritable effort pour dédensifier ces zones et améliorer le cadre de vie avec une politique de démolition-reconstruction mais, dans certains de ces quartiers, la mixité sociale par la diversification de l’habitat se heurte encore à des représentations négatives très fortes », analyse Marie-Christine Jaillet, qui préconise ainsi de prendre le problème à l’échelle métropolitaine.
Le parc locatif de l’aire urbaine et en particulier celui du logement social bon marché, étant majoritairement concentré à Toulouse, un rééquilibrage du peuplement passant par un effort conséquent des 36 autres communes de la métropole en termes de production de logement social permettrait d’atténuer le phénomène de ghettoïsation.
Pourquoi ne pas clarifier le rôle du département et de la Métropole en matière de politiques sociales sur le territoire métropolitain ?
Pourquoi ne pas “mettre autour de la table” l’État, le Département et les acteurs associatifs sur la question de l’hébergement d’urgence ou de la très grande précarité ?
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