À quelques jours de la clôture des contributions, la plateforme du Vrai débat prépare la suite. Initié par des Gilets jaunes, ce site est le concurrent direct de celui du Grand débat national et se base sur la même architecture technique. Ses organisateurs nourrissent de larges ambitions démocratiques.
©DRUn succès. 40 000 personnes, de toute la France et de tous horizons, se sont inscrites et ont déposé une contribution sur la plateforme du Vrai débat depuis son ouverture, le 30 janvier dernier. « Plus leur nombre sera important, plus elles seront représentatives des aspirations du peuple et moins nous serons attaquables », plaide Jean-Jacques, un des huit administrateurs du site. Le cap du million de votes vient même d’être franchi, chaque proposition donnant lieu à plusieurs amendements et autant de possibilités de s’exprimer.
Initié par des Gilets jaunes et ouvert à tous, cet espace de liberté de parole utilise une architecture technique identique à celle du Grand débat national. Elle a été développée par la start-up Cap collectif, qui la met gracieusement à disposition des organisateurs du Vrai débat. Ces derniers ont suivi à la lettre les conseils de la Commission nationale du débat public (CNDP), « pour garantir l’indépendance, la neutralité et la transparence de la démarche ». Sans budget ni autre moyen de communication que les réseaux sociaux, ils ne sont qu’une quinzaine, dispersés aux quatre coins de la France, à faire vivre la plateforme.
Afin d’établir une synthèse des revendications la plus objective possible, l’équipe est en lien avec des laboratoires de recherche de l’université Toulouse-III-Paul-Sabatier et d’écoles nationales supérieures de Lyon et de Rennes : « Ils ont bien souhaité jouer le jeu pour traiter cette immense base de données. Nous nous gardons bien d’y toucher, pour que l’on ne nous accuse pas d’influencer les résultats. Nous sommes de simples collecteurs », rappelle Jean-Jacques. Les puissants outils informatiques des scientifiques seront mis à contribution sur la durée.
« Nous sommes de simples collecteurs »
À compter du 4 mars, date limite pour déposer un avis sur le site, ils auront moins de deux semaines pour faire un premier bilan : « Nous voulons le présenter le 17 mars, le même jour que celui du Grand débat, afin que les gens puissent comparer les principales revendications. » S’ouvrira ensuite une seconde phase d’analyse, plus sociologique, qui servira de support à une série de conférences décisives, dans neuf grandes villes françaises, dont Toulouse.
« Des experts seront présents pour expliquer les différents points de vue d’un même sujet. Nous réfléchissons également à faire intervenir des médiateurs, qui permettront de fluidifier les échanges », annonce l’administrateur. À la fin de chacune de ces assemblées, 65 personnes, tirées au sort dans le public, voteront pour ou contre une proposition de loi. « Ce serait de la vraie démocratie. Nous savons que ce ne sera pas simple à mettre en place… Mais si nous ne rêvons pas un peu, à quoi ça sert ? »
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
Voir les publications de l'auteur
Commentaires