De leur élaboration à leur recyclage, en passant par leur usage, les produits ont une vie propre. Terme né dans les années 1990, l’écoconception consiste à réfléchir sur l’impact environnemental de chacune des étapes de leur fabrication et de leur fin de cycle. Une question de bon sens en apparence. Surtout, une urgence pour la planète. Et une gageure pour les chercheurs et les entreprises que le JT a rencontrés. Aéronautique, communication ou numérique, tout peut s’écoconcevoir.
Au 1er août dernier, l’humanité avait consommé l’ensemble des ressources que la nature pouvait lui offrir en 2018. Il nous faudrait aujourd’hui l’équivalent de 1,7 Terre pour subvenir à nos besoins. Faire avec moins et limiter les dégâts écologiques de notre société sont d’absolues nécessités. Parmi les voies possibles, « l’écoconception consiste à intégrer l’environnement dès la conception d’un produit ou d’un service, et lors de toutes les étapes de son cycle de vie », définit l’Association française de normalisation (Afnor).
« Verdir nos modes de production tout en proposant une offre meilleure que la précédente »
Il s’agit donc de réduire les impacts de l’extraction des matières premières, de la fabrication, du transport, de l’usage et de la fin de vie. « On pense au coût global, à la performance et à la valorisation, avec toujours dans l’idée de verdir nos modes de production tout en proposant une offre meilleure que la précédente », précise Samuel Mayer, qui dirige le Pôle éco-conception et management du cycle de vie, un centre de ressources sur les pratiques écologiques des entreprises.
L’écoconception étant peu encadrée, il est facile pour une entreprise de s’en prévaloir et les accusations de green-washing sont nombreuses. Comme la responsabilité sociale des entreprises (RSE), la démarche est d’abord volontaire. Mais elle peut aussi être obligatoire : « C’est souvent un prérequis pour accéder à un marché, les appels d’offres étant de plus en plus exigeants. Pareillement, les réglementations environnementales accélèrent le basculement vers d’autres manières de produire », constate Samuel Mayer. Teneurs maximales en matières polluantes, plafond pour les émissions de particules ou palier pour l’efficacité énergétique, l’Europe est la plus zélée dans ce domaine et sa norme ISO14006 fait référence.
La rentabilité et l’innovation n’entrent pas en contradiction avec cette pratique plus respectueuse de la planète, qui devient un argument commercial, permet d’optimiser la fabrication et de mettre en place de nouveaux business models. Une entreprise peut par exemple développer un service de location ou racheter ses produits usagers pour les reconditionner et les revendre avec une extension de garantie. Il n’empêche, pour l’enseignante-chercheuse Natacha Gondran, de l’Institut Fayol des Mines de Saint-Étienne, « le marché dans son ensemble n’a pas encore trouvé le moyen de rétribuer à sa juste valeur l’offre de ceux qui font un effort ».
« Les réglementations environnementales accélèrent le basculement vers d’autres manières de produire »
Experte en évaluation environnementale, elle dispense ses cours à des élèves ingénieurs et à des étudiants en master très familiers du concept de durabilité : « Certains sont très volontaires et mènent des actions sur le sujet. D’autres sont découragés face à un problème qu’ils n’ont pas la possibilité de résoudre. » La spécialiste s’efforce de leur transmettre des réflexes pour toute leur carrière, « afin qu’ils intègrent les critères écologiques dans chacune de leurs décisions, quelle que soit leur future fiche de poste ».
Sources : Étude sur la profitabilité de l’écoconception, Pôle Éco-conception 2014
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