Le kayakiste Boris Neveu, licencié à Bagnères-de-Bigorre, est entré en lice ce matin, lors des séries, pour ses premiers Jeux Olympiques (JO). À 35 ans, les JO de Tokyo pourraient être le couronnement d’une brillante carrière entamée il y a quinze ans.
Trois titres de champion du monde, trois titres de champion d’Europe. À 35 ans, Boris Neveu affiche un des plus beaux palmarès du kayak mondial. Ce matin, à 6 heures 30 heure française, l’athlète bagnérais est rentré dans le bain de ses premiers Jeux Olympiques avec beaucoup de détermination. « J’avais hâte d’y être… L’objectif, c’est la médaille. Le reste n’est pas très important ». Pour cela, le kayakiste devra sortir des séries et disputer les demi-finale et la finale demain, vendredi 29 juillet à 7 heures puis 9 heures.
Avant de prendre l’avion pour Tokyo, ce passionné d’eaux vive et grand habitué de rivières se confiait au Journal Toulousain. Il est notamment revenu sur le long parcours qui la conduit au japon pour ses premiers Jeux Olympiques. Une consécration tardive mais attendue. « Comme beaucoup de kayakistes, mes parents pratiquaient eux-mêmes en loisirs. Donc vers 5 ou 6 ans j’ai commencé à donner mes premiers coups de pagaie en vacances, sur des rivières très calme. » Le futur champion se pique au jeu mais découvre également d’autres discipline. Il s’essaie notamment un peu au football avant de revenir vers les bassins à l’adolescence.
Malgré l’aspect individuel du kayak, ce sont la camaraderie et les liens créé avec ses camarades de pagaie qui le poussent à s’investir davantage. « J’étais encore loin d’imaginer que je pourrais faire une carrière. Mais, rapidement, je me suis retrouvé parmi les meilleurs jeunes. Là, j’ai accroché avec ce super groupe de copains au niveau du département. On se tirait la bourre… j’ai adoré », se rappelle Boris Neveu.
C’est finalement dans les épreuves de slalom K1, une pratique individuelle, que le jeune homme atteint le meilleur niveau. Une réussite qui lui permet de parcourir le monde, de bassin en bassin. Une aventure qui ne l’a pas empêché de conserver un attachement sans borne pour la terre de son enfance.
Né à Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées, il vit aujourd’hui à Pau avec sa famille mais est resté fidèle au club de sa première licence : l’Amicale laïque de canoé-kayak de Bagnères-de-Bigorre. « C’est mon premier et seul club. J’ai fait mes études à Toulouse, et le pôle France est basé à Pau. J’ai passé un an et demi à Paris après mes études, ça m’a suffi. »
Après des premiers podiums internationaux en 2009, il se lance en 2012 dans la course aux Jeux Olympiques. Lors des qualifications sur le bassin de Pau, sur lequel il pourrait naviguer les yeux fermés, il fait forte impression, mais voit son rêve lui passer entre les doigts 30 minutes après le passage du dernier concurrent. Une cruelle désillusion qui l’aura obligé à se dépasser pour mieux revenir. « Ça a été très dur. J’ai eu du mal à me remobiliser, mais je sentais au fond de moi que je n’avais pas fait le tour dans le kayak de haut niveau. Je ne pouvais pas finir une carrière comme ça, je sentais qu’il fallait que j’insiste, que j’aille de l’avant. »
Lors des qualifications pour les JO de 2016, Boris Neveu a changé de statut, après un titre de champion du monde de Kayak en 2014 et un titre de champion d’Europe l’année suivante. Devenu numéro un mondial, il fait figure de favori lors des qualifications. Là encore, il échoue d’un rien, devancé de six centièmes de secondes par Sebastien Combot, qui s’envole vers Rio. Un nouvel échec, mais une soif de victoire toujours intacte. « Sur le coup, j’ai pris une grosse claque. C’était peut-être la meilleure course de ma carrière. On s’était tiré la bourre avec mon concurrent et je perds pour six centièmes… » Depuis, il enchaine les saisons de bonne facture mais peine quelque peu à retrouver son niveau de 2014-2015.
Une régularité et des certitudes qui ont bien failli voler en éclats quelques mois avant les qualifications pour les Jeux de Tokyo. La pandémie de covid-19 et le confinement rendent toute pratique impossible. Seul espoir pour lui, le règlement de la Fédération qui le désigne automatiquement comme le qualifié de sa catégorie. Après concertation, de nouvelles qualifications sont finalement organisées en octobre 2020. L’histoire semble se répéter. « On m’a dit en rigolant que j’étais maudit. Je ne l’ai pas senti comme ça. Pour le coup, mon expérience m’a permis de me protéger. Je savais que tant que ce n’était pas officiel, je n’étais pas sélectionné. »
Dans la douleur, il parvient tout de même à se qualifier pour Tokyo en octobre dernier. Son ticket enfin officiellement validé, le natif de Lourdes se concentre alors sur sa préparation, faisant fi des annonces et des évolutions du contexte sanitaire. « Je me focalise sur ce que je maitrise : mon mental, ma condition, mont matériel, mon entrainement, ma préparation. Tout ce dont j’ai besoin pour être champion olympique. » En peu à peu, son objectif se précise : la finale de ce vendredi 30 juillet.
À un âge de nombreux sportifs prennent leur retraite, Boris Neveu ne se ferme aucune porte et ne met pas de côté l’idée de poursuivre sa carrière jusqu’aux Jeux Olympiques 2024. « Je verrai après Tokyo. Les JO Paris sont dans 3 ans. Or, je suis toujours top 10 mondial et je m’éclate dans ce que je fais. On verra. » Boris Neveu disputerait alors ses secondes olympiades à 38 ans.
Mathieu Yerle
Commentaires