En plus des innombrables joggeurs, il n’est plus rare de croiser en ville des groupes de sportifs en pleine séance d’entraînement urbain mêlant renforcement musculaire et exercices pour développer le cardio. De la place du Capitole aux marches de la place Saint-Pierre, le JT a suivi une session proposée par l’association Check In Gym.
Samedi matin, 10 heures. Le centre-ville de Toulouse s’éveille. Les boutiques ouvrent à peine leurs rideaux, des groupes de joggers déambulent rue d’Alsace-Lorraine avant que la foule de consommateurs n’en prenne possession. À quelques encablures de là, devant le magasin Salomon de la rue de la Pomme, Jean-Julien Souques accueille une à une les personnes inscrites à son cours d’urban training. « On peut déposer nos affaires dans la boutique ? C’est pratique », lance Véronique. Cette directrice d’une agence de voyages est la seule aujourd’hui à découvrir Check in Gym, le concept créé au printemps 2017 par le coach sportif.
Après avoir été moniteur de sport au sein de l’armée de l’air pendant huit ans, ce dernier est revenu à Toulouse en 2011 dans le cadre d’une reconversion professionnelle. Trois ans plus tard, il s’intéresse aux problématiques liées à la sédentarité et fonde une société pour y sensibiliser les salariés. « C’est là que j’ai réalisé les difficultés rencontrées pour trouver une offre permettant d’être actif facilement », raconte-t-il. Jean-Julien Souques élabore alors une solution entre la salle de sport et la pratique individuelle : des séances en plein air sans engagement et pour seulement cinq euros.
Après une rapide présentation du parcours, le coach et les six participantes partent en petites foulées vers la place du Capitole, slalomant entre les touristes et moulinant des bras pour s’échauffer. Les regards amusés et encouragements rigolards des passants fusent. Jean-Julien Souques y répond avec le sourire. « Au début, j’emmenais les groupes à la Prairie des filtres. Le soir, à l’heure de l’apéro, ce n’était pas toujours très sympathique. Mais en général, ça se passe bien. C’est mon rôle de faire le tampon entre le groupe et l’environnement extérieur. »
« En training urbain, il faut tout le temps s’adapter, cela demande beaucoup de préparation en amont »
Le trajet se poursuit sur les quais de la Daurade avec des arrêts successifs autour des bancs pour des sessions de renforcement musculaire. À chaque stop, ”Jiji” sort de son sac une petite enceinte portative pour rythmer l’effort. Tandis que les participantes enchaînent squats, flexions et autres pompes sur le parapet, le coach prodigue à chacune des conseils sur la bonne posture à adopter. « On n’oublie pas de respirer et de profiter de la vue… Ça vous plaît ? » demande-t-il. « C’est surtout la soirée d’hier qui lui a plu », balance une participante à propos de sa copine Marion, dont les lunettes de soleil et l’essoufflement prononcé trahissent les excès de la veille.
Si l’effort se fait déjà sentir, la petite troupe repart en jogging pour le plat principal qui les attend en bord de Garonne, en bas des escaliers de la place Saint-Pierre. Là, l’entraîneur dispose des coupelles pour délimiter le circuit : pas-chassés le long des rangées de marches, course jusqu’en haut, puis redescente, avant de recommencer. Au fur et à mesure des difficultés que Jean-Julien Souques ajoute à chaque passage, le groupe prend véritablement possession de l’espace, musique à l’appui. L’amphithéâtre devient un terrain de sport de choix malgré les stigmates de l’utilisation qui en est faite le soir venu. Entendant à peine l’invitation lancée par un groupe de nettoyeurs participant au World Clean-up Day, les sportifs enchaînent les exercices avec de plus en plus d’intensité. Et concluent la séance en applaudissements après un dernier effort collectif pour pousser à fond le cardio. Le coach est ravi d’observer les grimaces sur les visages : « À la fin d’un cours, elles veulent avoir le sentiment d’avoir vraiment travaillé. Aujourd’hui, le groupe était homogène. Mais parfois c’est plus compliqué. En training urbain, il faut tout le temps s’adapter, cela demande beaucoup de préparation en amont. »
« Toute seule en salle, je ne mets pas autant d’intensité dans les mouvements »
Le retour se fait en marche rapide. L’occasion de débriefer sur le concept. Certaines sont là parce qu’elles ont une mauvaise expérience des salles de sport ou qu’elles n’imaginent même pas y mettre les pieds. D’autres, comme Elena et Véronique, y trouvent le complément parfait à leur activité habituelle : « J’aime l’idée de travailler avec le mobilier urbain. Et le fait d’être en groupe avec un coach crée de l’émulation. Toute seule en salle, je ne mets pas autant d’intensité dans les mouvements », témoigne cette dernière.
Si la pratique sportive semble, en apparence, exploser, Jean-Julien Souques constate de par son activité que de trop nombreux salariés n’atteignent pas le seuil minimum de 30 minutes de marche par jour. « Check in Gym grandit peu à peu mais ce n’est pas ça qui me fait vivre. C’est surtout une manière d’être en cohérence avec ce que je prône ».
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