Exclusif : L’extrême droite cible et fiche des militants et des Gilets jaunes dans un trombinoscope
Agressée en pleine centre ville par un groupe d’extrême droite, ce mercredi 14 juillet, une femme Gilet jaune découvre qu’elle fait partie d’un « trombinoscope » qui cible et fiche les « gauchiasses » sur les réseaux sociaux à Toulouse.
« Les fachos sont là ! Toulouse, les fachos sont là ! » La vidéo filmée place du Capitole et partagée en direct sur les réseaux sociaux, ce mercredi 14 juillet, par une manifestante venue participer à la marche d’opposition au Pass sanitaire débute par ce cri d’alerte. Les images sont quelques peu confuses et la voix de la personne qui filme, une femme faisant partie du mouvement des Gilets jaune, très nettement altérée par l’émotion et la colère. « J’ai eu la peur de ma vie », confie-t-elle avant de revenir sur la violente scène qui s’est déroulée à l’angle des rues Rémusat et Lafayette, en plein centre ville.
Sur cette séquence de cinq minutes tournée en fin de matinée, ont peut voir des policiers en civil, identifiés par un brassard, séparer des manifestants d’un groupe d’une dizaine de personnes. Ces dernières apparaissent masquées pour certaines et à visage découvert pour d’autres, et ne portent aucun signe distinctif. Du mobilier appartenant à l’enseigne de restauration rapide américaine jonche le sol et témoigne de récents affrontements.
Une agression liée à l’extrême droite et au mouvement Génération identitaire
« Tout à commencé sur les allées Jean-Jaurès. Avec une amie nous nous sommes écartés de la manifestation, place Wilson, pour aller chercher un groupe de personnes qui ne trouvaient pas le point de rendez-vous. Tout à coup, nous croisons un groupe de personnes habillées tout en noir, avec des gants coqués, qui marchent vers nous d’un pas décidé. Tout est allée très vite. Nous avons compris immédiatement qu’ils en avaient après nous et nous avons fuis. Ils se sont mis à nous poursuivre en nous criant ”on va vous crever sales gauchiasses” », témoigne cette femme Gilet jaune.
Pour elle, il ne fait pas de doutes que ses agresseurs font partie de la mouvance d’extrême droite proche du groupe Génération identitaire, dissout en mars dernier. Une information en partie confirmée par la police qui atteste être intervenue « suite à un appel impliquant un groupe de personnes répondant à ce profil ».
« Nous avons constaté sur place des violences réciproques entre deux groupes mais nous ne pouvons pas déterminer qui a commencé. Des contrôles a postériori ont été réalisés. Nous n’avons pas constaté de gants coqués ni procédé à d’interpellations et aucune plainte n’a été déposée à ce jour », précise le commissariat central de Toulouse. Par ailleurs, un fonctionnaire a été blessé par un jet de projectile. Mais aucun autre blessé n’a été signalé par les services de secours.
Un trombinoscope cible et fiche les militants de gauche à Toulouse
Pour la victime, l’implication de membres du mouvement identitaire et le caractère ciblé de l’agression est une évidence. Une conviction qui, selon elle, est étayée par de nombreux témoignages de militants antifascistes qui assurent avoir reconnu au moins deux personnes proches de cette mouvance et, surtout, par la récente diffusion d’une liste de militants de gauche de Toulouse, fichés et ciblés par l’extrême droite, sous forme d’un trombinoscope, que nous avons pu consulter.
« Suite à la publication de la vidéo, j’ai appris que, depuis 48 heures, un trombinoscope qui recense ”les associations de gauchiasses qui ont aidé les squatteurs” et sur lequel je suis présente, circule activement sur les réseaux sociaux. Cette liste, qui date de l’affaire du squat de la maison de Roland, cible une douzaine de personnes. Leurs photos sont rendues publiques avec des liens vers leurs profils facebook », explique la Gilet jaune qui assure n’être, par ailleurs, membre d’aucune association ni mouvement politique.
« Je participe aux manifestations et je suis de gauche. Mais je n’ai jamais assisté à une bagarre entre fascistes et anti-fasciste. Je me retrouve propulsée brutalement la dedans », regrette-t-elle, encore sous le coup de la surprise. À l’heure où nous écrivons, la police n’était pas en mesure de nous préciser l’origine de ce “trombinoscope”, ni de confirmer d’éventuels liens entre sa diffusion et l’agression de ce mercredi.
Intrusions, menaces et agressions… l’extrême droite est à l’offensive
Un ciblage et des représailles envers des militants de gauche, qualifiés de ”gauchiasses”, qui rappelle en même temps la récente intrusion à l’Hôtel de région et les menaces reçues par la Myriam Martin, la candidate de la France insoumise aux élections régionales. Et qui démontre que, malgré la dissolution du mouvement Génération identitaire, les groupes d’extrême droite violents font toujours parler d’eux.