MAITRES CUBE- Installer des logements dans des locaux de travail inoccupés. C’est l’idée qu’on eut six étudiants toulousains de l’INSA. Ils ont conçu un habitat temporaire en palettes baptisé Unity Cube. Leur innovation pourrait permettre de loger une cinquantaine de personnes à Toulouse d’ici cet été.
Tout est parti d’une réflexion de bon sens. «D’un côté, il y a en France 5 millions de m² de bureaux vides et de l’autre 896 000 personnes qui n’ont pas de logement personnel ou décent», lance Baptiste Debort, l’un des six étudiants à l’origine d’Unity Cube. En 2015, face à cette aberration, Jauffret Barrot alors étudiant en école d’architecture et à l’INSA, a l’idée de profiter de la vacance de bureaux pour y installer des logements temporaires. Théo, Mathilde, Valentin, Vincent et Baptiste, tous ingénieurs en formation à l’INSA décident de l’accompagner et d’en faire leur projet de fin d’études.
Les futurs ingénieurs en génie civil montent alors une association et réfléchissent à un habitat adapté à la configuration particulière du bureau. « On a pensé aux palettes car on en trouve partout et elles sont entièrement recyclables. Elles mesurent toujours 80 centimètres de hauteur et peuvent donc s’intégrer dans des espaces normés », explique Baptiste. La solution technique pour assembler le tout de façon stable leur viendra de la société Sofrinnov, basée à Ramonville, qui a breveté une brique spéciale pour construire des abris en bois.
Une fois les palettes empilées, il suffit ensuite d’y ajouter des plaques de bois pour refermer le module et un isolant phonique. «En 5 heures, on peut monter un habitat de 13 m², soit un couchage pour deux personnes», explique Baptiste. À ce module de base, peuvent s’ajouter d’autres pièces à vivre. Pour la cuisine et la salle d’eau, une pièce technique est alors ajoutée afin de raccorder l’habitat aux fluides de l’immeuble.
Leur innovation fait mouche et rafle plusieurs récompenses. Depuis, les six étudiants enchaînent les interviews et les discussions avec les institutions. Mais le plus important reste encore à trouver. « On recherche actuellement des bureaux d’environ 1 000 m². Convaincre les propriétaires n’est pas le plus facile. Ce sont souvent des fonds d’investissement qui gèrent les bureaux », explique Baptiste, qui reste convaincu qu’ils ont tout à y gagner. « Leurs locaux seront loués, ils se prémunissent aussi des squats ou des vandalismes voire des accidents puisque les lieux seront assurés. »
Pour asseoir leur crédibilité, ils travaillent actuellement avec la mairie de Toulouse et la préfecture pour identifier un lieu. Les associations Soliha et Espoir les aideront quant à elles à trouver et accompagner des personnes ayant besoin d’être logées.
S’ils ne prétendent pas résoudre la crise du mal-logement à eux seuls, ils estiment néanmoins proposer une solution crédible aux pouvoirs publics. «Payer une chambre d’hôtel coute environ 50 euros par jour et par personne, cette innovation leur coûtera moins cher», argumente Baptiste. Leur prototype a en effet coûté 4 000 € et permet à une famille d’être logée pendant 18 mois.
Forte de ces arguments, l’équipe espère pouvoir loger une cinquantaine de personnes à Toulouse d’ici cet été. Avant d’essaimer dans d’autres villes. « Nous avons été contactés par le maire de Montreuil. Il nous a dit que, dès que les premiers modules seraient en place, il nous solliciterait pour en faire de même sur sa commune », s’enthousiasme Baptiste.
À lire cette semaine dans le dossier :
Mal-logement, les voyants sont au rouge
4 actions concrètes pour résorber le mal-logement
Commentaires