TOIT TOIT MON TOIT – En France, près d’une personne sur 10 vit mal son logement. Parce qu’elle doit compter sur les autres, que son foyer est trop exiguë, pas aux normes ou parce qu’elle n’en a tout simplement pas. Face à ce constat accablant, des étudiants, des associations ou des maires construisent des logements, convainquent des propriétaires de se lancer dans des rénovations ou optimisent des locaux inoccupés. Ils ne prétendent pas détenir la solution miracle mais trouvent des clés pour mieux se loger.
« Je n’ai pas les moyens de vivre ailleurs que dans un studio de 13m² avec ma compagne. Et j’accepte des conditions d’insalubrité avérées car mon budget ne me permet pas de prétendre à mieux. J’accepte donc d’habiter dans un logement où les rats traversent l’unique pièce et où les odeurs d’égout inondent notre appartement », explique Pierre, 25 ans, sans emploi. Pourtant, il ne se plaint pas car « c’est ça ou la rue ! » Une situation extrême mais pourtant pas isolée.
« En France, près de 15 millions de personnes sont aujourd’hui victimes de la crise du logement et soumises à des formes plus ou moins graves de mal-logement, un chiffre en constante augmentation dû notamment à la montée du chômage et la précarité de l’emploi », résume Frédérique Mozer, directrice régionale de la Fondation l’Abbé Pierre. C’est le constat majeur du dernier rapport de la Fondation sorti le mois dernier.
Les situations de mal-logement sont diverses. Il peut s’agir de personnes privées de domicile personnel, de celles payant trop cher un logement, de foyers en situation de surpeuplement ou de précarité énergétique, sans compter ceux qui vivent dans des conditions d’inconfort notoire (manque d’eau courante, problème d’humidité…) ou d’insécurité.
Certains comme Françoise, 59 ans, connaissent des épisodes d’absence de logements personnels. « À la mort de mon mari, avec qui je tenais une affaire, je n’ai pas pu gérer seule notre entreprise et elle a été liquidée. Rapidement, je n’ai plus assuré le paiement des loyers de notre appartement et j’ai été expulsé. Aujourd’hui, je dors dans la voiture », confie cette Toulousaine. En France, plus de 2 millions de personnes se trouvent dans son cas, pendant au moins un an et 440 000 pendant plus de cinq ans.
D’après l’enquête Logement de 2013, les ménages consacrent en moyenne 17,5 % de leurs revenus aux dépenses de logement, mais ce chiffre peut monter jusqu’à 55% pour les foyers les plus modestes. Ainsi, certains ne peuvent prétendre à un habitat décent et sont contraints d’accepter des conditions précaires. De plus, la fondation isole un phénomène de difficulté d’accès à l’hébergement, particulièrement pour les ménages les plus démunis, les femmes seules avec enfants et les jeunes.
En Haute-Garonne, 78 000 logements sociaux sont répertoriés, dont 4 378 ont été livrés en 2016. « Mais les demandes ne cessent d’affluer. Au 31 décembre 2016, 22 000 ont été enregistrées, quand 11 900 familles ont pu intégrer un logement », explique Sabine Veniel-Le Navennec, directrice de l’Union sociale pour l’habitat Midi-Pyrénées. Par déduction, plus de 10 000 ménages se sont donc vus déboutés de leur dossier.
Un bilan en demi-teinte donc pour la Fondation Abbé Pierre qui si elle reconnait « des efforts notables des pouvoirs publics », dénonce une situation « préoccupante ».
À lire cette semaine dans le dossier :
Mal-logement, les voyants sont au rouge
4 actions concrètes pour résorber le mal-logement
Échange aide à la rénovation contre logement
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