Octavia Ivan a fondé son entreprise sur le terreau fertile de ses souvenirs d’enfance. Après avoir franchi les nombreux obstacles dressés sur son chemin, elle est parvenue à ses fins : créer sa société de cojardinage urbain, Adopte ma Tomate. Parcours atypique d’une jeune femme audacieuse.
À 36 ans, Octavia Ivan est gérante d’une start-up baptisée Adopte ma Tomate, spécialisée dans le cojardinage en milieu urbain. C’est dans les souvenirs d’enfance de sa Roumanie natale qu’elle puise les fondements de ce qui deviendra son fonds de commerce. « Nous vivions dans un immeuble au pied duquel nous partagions un jardin avec nos voisins. Puis ma famille a acheté un terrain pour bâtir notre maison », se rappelle-t-elle. S’il faudra dix ans pour que le logement soit habitable, le potager, lui, voit le jour dès l’acquisition de la parcelle. « Un sacré avantage pour se nourrir sous la dictature de Ceausescu, quand les autres devaient se contenter de tickets de rationnement », précise Octavia Ivan.
Si l’entretien du jardin était alors une corvée pour elle et la consommation de produits bio plutôt banale, ce n’est qu’en quittant son pays qu’elle prend conscience de sa chance. Vivant désormais à Toulouse, après avoir suivi Olivier, qui deviendra son mari, elle s’évertue à chercher du travail, en vain : « Je pensais que cela serait facile au vu de mes dix ans d’expérience en relations clients internationaux et de mon anglais courant. Mais c’est le français qui m’a fait défaut », dit-elle en souriant.
« Il était normal pour moi d’avoir un jardin quand on possède un peu de terrain »
En désespoir de cause, elle accepte un emploi de baby-sitter. Un « job anodin », qui marque pourtant un tournant dans sa vie. « C’est au contact des enfants que j’ai appris le français », avoue-t-elle. Elle dévore des livres écrits dans la langue de Molière et travaille ardemment à parfaire son vocabulaire… Avant de tenter sa chance. « J’ai été embauchée comme agent commercial par une entreprise roumaine qui souhaitait s’implanter en France. Et je ne comprenais pas la moitié de ce que me disaient mes clients ! », confesse-t-elle en riant.
Puis c’est à Capgemini qu’elle sévit, en décrochant un poste de chargée de communication interne : « Je ne connaissais rien à la com’, et encore moins à l’informatique. Quand j’y pense, je suis folle d’avoir postulé », ironise la jeune femme. C’est là-bas qu’elle entend parler d’hackathon (concours de projets innovants) et participe à celui de Womixcity sur le réchauffement climatique, dans la catégorie ‘’agriculture et alimentation’’ y présente un projet de cojardinage. « Le manque ressenti lors de l’éloignement du potager familial a refait surface. Il est normal pour moi d’avoir un jardin quand on possède un peu de terrain. Je ne comprends pas la passion des Français pour le gazon ! Cela revient à gâcher un espace qui peut nourrir des gens », conceptualise-t-elle. Elle décroche la deuxième place et lance concrètement son idée. Ainsi sont semées les premières graines d’Adopte ma Tomate.
Mettre en relation des propriétaires de jardins qui n’ont pas le temps ou l’envie de l’entretenir avec des amateurs de jardinage qui n’ont pas de terrain, telle est l’ambition de la start-up Adopte ma tomate. Via son application, la société entend créer une réelle communauté autour du jardinage et du bien manger. Si le service a pris racine auprès des particuliers, Octavia Ivan attend aujourd’hui la signature d’un premier contrat de jardins partagés avec une entreprise.
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