Ingénieure agronome de formation, Catherine de Roincé a fondé TerrOïko, une start-up qui mêle innovation technologique et gestion de la biodiversité. Opiniâtre et fonceuse, cette jeune entrepreneuse se nourrit d’un contact quotidien avec la nature.
Catherine de Roincé a tout juste 27 ans et vient de finir sa thèse sur l’apport de la biodiversité dans les milieux agricoles quand elle décide de fonder TerrOïko, une société spécialisée dans le transfert de technologies et la transition numérique pour le marché de l’ingénierie écologique. Cinq ans plus tard, en 2017, la start-up lance SimOïko, la première plateforme de simulation de la biodiversité. Le projet est ambitieux et requiert une très lourde phase de recherche et développement.
Mais la jeune femme ne se laisse pas impressionner. « La création d’une entreprise ne m’a jamais fait peur. Déjà, au cours de ma thèse, je savais que je voulais traiter cette question de l’innovation et la mettre en œuvre dans mon projet professionnel. J’étais armée. En prépa, j’ai appris à me faire mal. Pendant deux ans, on se met la tête sous l’eau et on bosse », affirme-t-elle.
Passionnée d’équitation, cette fille de négociant agricole se destine très tôt aux études d’ingénieur agronome, pour satisfaire un rêve d’enfant. « Quand j’avais 10 ou 12 ans, je voulais travailler aux haras nationaux. C’était l’une des deux seules voies possibles avec des études de vétérinaire », se remémore la jeune femme, qui continue de monter régulièrement. « L’équitation est une école de la patience. Il y a, dans la pratique, une dimension méditative. Le cheval a besoin d’attention. Il nous décentre, nous oblige à faire abstraction et à prendre de la distance avec nos problèmes. Aujourd’hui, pour moi, c’est un excellent moyen de gérer certains éléments de stress », assure l’entrepreneuse.
« Dans l’innovation, la seule question est celle de la motivation »
Élevée dans un milieu rural, cette Toulousaine de naissance a toujours eu le rapport à la nature chevillé au corps. « Au lycée, je me suis rendu compte que la biologie et l’écologie m’intéressaient, même au-delà du cheval. Aujourd’hui, ma vocation, c’est d’essayer de concilier l’homme et la nature via mon entreprise. Cela répond à une urgence, mais également à une aspiration de petite fille : soigner la nature au quotidien », concède-t-elle. Et pour concrétiser son projet, cette écologiste 2.0 a dû convaincre. « Quand je le présentais, on me prenait pour une rêveuse, malgré mon bagage scientifique et managérial. Mais je suis quelqu’un de têtu. Dans l’innovation, la seule question est celle de la motivation », s’amuse Catherine de Roincé, qui s’est forgée, par le sport, un caractère tenace : « Quand je me passionne, j’y vais et je ne lâche rien. »
En 2012, Catherine de Roincé fonde TerrOïko avec Sylvain Mouleras, son mari, également chercheur au CNRS. En 2017, ils lancent SimOïko, sur la base des travaux scientifiques de ce dernier. Cet outil permet de simuler le comportement d’espèces animales et d’étudier l’impact de projets d’aménagements humains sur les écosystèmes. Il devient alors possible de limiter les risques de collisions avec la faune sauvage lors de la construction d’un réseau de communication ou d’intégrer ses besoins vitaux lors des projets de développement urbains.
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