Chaque année, 200 patients et autant de familles passent entre les murs de l’unité de soins palliatifs de l’hôpital Joseph Ducuing à Toulouse. Un moment douloureux durant lequel l’espoir n’a plus sa place. Les médecins et le personnel font alors preuve d’une grande écoute et placent l’accompagnement au centre des soins. Un soutien dont la famille peut aussi bénéficier et ce, même après le décès du patient.
Coin fauteuils, cadres aux murs, bouquets de fleurs, grandes baies vitrées… Seules les blouses blanches qui déambulent dans les couloirs rappellent où l’on se trouve. A l’unité de soins palliatifs de l’hôpital Joseph Ducuing, tout est mis en œuvre pour que le patient vive ses derniers instants dans les meilleures conditions, loin des lumières artificielles, de l’odeur d’antiseptique et des longs murs blancs. Nichée dans un petit bâtiment, à l’écart du reste de l’hôpital, l’unité se veut un véritable lieu de vie pour le patient et ses proches. En témoigne le second étage, où un studio a été aménagé pour recevoir les familles et où une salle à manger et une cuisine ont été mises à disposition des malades et de leur entourage.
“Aux soins palliatifs, les familles font partie intégrante de nos préoccupations”
Les proches peuvent rendre visite au patient à toute heure du jour et de la nuit. « Au sein des soins palliatifs, les familles font partie intégrante de nos préoccupations. Personne n’imaginerait accompagner un patient sans se préoccuper de sa famille, de ses amis et des autres personnes qui l’entourent », explique le docteur Claire Chauffour-Ader, chef de service de l’unité et spécialiste en médecine générale. Une attention particulière qui s’adapte à la demande et aux besoins des proches : « S’ils souhaitent entrer en relation avec nous et bénéficier d’un accompagnement spécifique, nous mettrons tout en œuvre pour qu’ils puissent en avoir un. Mais il existe aussi des personnes qui ne demandent aucun soutien et nous respectons cette volonté », précise le médecin, dans son bureau, entre deux coups de téléphone.
Si un besoin est formulé, l’unité peut diriger les proches vers la psychologue Véronique Comparin-Ainard. Elle reçoit les familles même après le décès du patient : « Soit nous continuons le suivi que nous avions initié, soit les proches viennent me voir après le décès pour en commencer un », rapporte la psychologue. Il n’y a aucun délai pour bénéficier d’un suivi psychologique : « Certaines familles m’ont contactée un an après, d’autres ont éprouvé le besoin de me consulter durant deux ou trois ans », poursuit-elle. Le docteur Chauffour-Ader ajoute : « Notre porte est toujours grande ouverte pour les familles endeuillées et ce, sans limitation de durée. »
“Notre porte est toujours grande ouverte pour les familles endeuillées et ce, sans limitation de durée”
Des proches qui, parfois, reviennent au sein de l’unité car ils ont noué une relation privilégiée avec le personnel. « Il arrive que la famille ne veuille pas voir la psychologue ou un médecin mais plutôt un membre de l’équipe avec lequel elle a tissé un lien particulier : une aide-soignante, une infirmière ou même la personne qui passe le balai », témoigne le médecin généraliste. Et à en croire les éclats de rire qui proviennent du premier étage, le niveau où se trouvent les chambres des patients, les attaches sont bien réelles.
L’hôpital peut aussi orienter les familles vers des associations : « Nous collaborons avec l’Association pour le développement des soins palliatifs (ASP) et Histoire d’en parler. Cette dernière organise des groupes de discussion avec des enfants âgés de 6 à 18 ans ayant perdu un proche », . Pour les personnes qui refuseraient un accompagnement psychologique spécifique alors qu’elles semblent en détresse, l’unité « peut contacter le médecin traitant de la famille et lui signaler que le cas est à surveiller », précise le docteur Chauffour-Ader. Pour autant, il n’y a aucune obligation. Elle ajoute : « Nous faisons cette offre une fois. Puis, une seconde fois. Nous la renouvelons encore mais nous ne contraignons personne à un suivi en particulier sous prétexte que nous aurions repéré un besoin. »
« Je fais un bisou à une patiente et je suis à vous », nous lance le docteur Cédric Chaissac. Ce médecin généraliste, présent au sein de l’unité depuis un an, vient spécialement du Pas-de-Calais pour travailler aux soins palliatifs de l’Hôpital Joseph Ducuing. Il explique qu’au sous-sol du bâtiment, un dépositoire a été aménagé où le corps du patient est gardé pour une durée maximale de six jours. Laps de temps durant lequel la famille peut venir voir le défunt avant qu’il ne soit conduit vers les pompes funèbres. « C’est l’équipe du service elle-même qui descend pour présenter le corps à la famille », précise le docteur Chaissac, qui ne regrette qu’une chose : « Ce serait intéressant de diriger les familles vers des lieux autres que l’hôpital pour les accompagner. » Le docteur Chauffour-Ader va plus loin : « Les gens n’ont pas toujours envie de parler, mais juste de passer un bon moment, d’être chouchoutés physiquement, pas forcément de faire un travail psychologique. »
Héloïse Thépaut
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