PROMESSE. Pour Gérard Pourcelly, directeur de l’Institut européen des membranes, en faisant le tampon entre les énergies renouvelables et les besoins actuels de consommation, l’hydrogène est une solution d’avenir. À condition de pouvoir en produire massivement de façon décarbonée. Ce qui prendra encore du temps.
Comment concilier des énergies aléatoires et intermittentes à des besoins permanents mais variables ? Pour Gérald Pourcelly, directeur de l’Institut européen des membranes, si l’hydrogène suscite autant d’espoir, c’est justement parce qu’il résout cette équation fondamentale : « L’hydrogène n’a évidemment rien de nouveau, on en connaît les usages depuis près d’un siècle. Mais le fait de pouvoir en fabriquer à partir d’énergies renouvelables et d’ensuite le garder et l’utiliser à la demande est une donnée très importante. L’hydrogène est un tampon, une variable d’ajustement particulièrement adaptée aux problématiques énergétiques actuelles et à venir. »
Toutefois, avant que l’hydrogène ne puisse remplir pleinement ce rôle, il faudra patienter. Aujourd’hui, l’hydrogène produit par l’Homme provient à 95 % d’énergies fossiles. Le développement de l’hydrogène vert – fabriqué de façon décarbonée – dépend donc de celui des énergies renouvelables, qui ne représentaient en 2015 que 14,9 % du parc énergétique total en France. « L’objectif fixé par la loi de transition énergétique est d’atteindre 32 % en 2030. C’est possible et l’hydrogène aura alors un vrai rôle à jouer. Dès aujourd’hui, on en parle de plus en plus car le diesel et les moteurs thermiques en général sont fortement remis en cause et car les batteries posent des problèmes en termes d’approvisionnement en matière première, tant au niveau social qu’environnemental », poursuit l’expert, également membre du comité de pilotage du groupement de recherche Hydrogène, systèmes, piles à combustible.
Ainsi, des usages de l’hydrogène vert commencent à émerger en France, principalement dans le secteur du transport. En attendant qu’un véritable maillage de stations à hydrogène se mette en place sur le territoire, le système de pile à combustible pour les voitures s’avère très adapté pour ce que l’on appelle les flottes captives, celles dont les véhicules rentrent chaque soir à leur dépôt. La Poste, notamment, est pionnière en la matière. Mais pour Gérald Pourcelly, la généralisation de l’hydrogène ne poserait aucun problème majeur, en raison de sa facilité de stockage, puisqu’il est l’élément chimique le plus léger. « Il existe trois façons de le stocker. Par hydrures métalliques, des alliages de métaux et d’hydrogènes très lourds utilisés par exemple pour les sous-marins. Il existe aussi l’hydrogène cryogénique, une forme liquide adaptée au domaine spatial. Enfin, on peut le comprimer en petite quantité, ce qui en fait une solution très simple à appliquer », détaille l’expert. Dans une voiture, un réservoir de 70 litres, occupant à peine la moitié du coffre, permet de stocker 4 à 5 kg d’hydrogène, soit 400 à 500 km d’autonomie.
Si Gérald Pourcelly est persuadé du potentiel de l’hydrogène vert et de son efficacité, il n’y aura toutefois pas de révolution soudaine : « Bien que les fuites d’hydrogène se détectent facilement, dans l’inconscient collectif, le gaz fait encore peur. Il existe toujours un frein en termes d’acceptabilité sociétale. »
Gérald Pourcelly est professeur émérite de l’université de Montpellier et directeur de l’Institut européen des membranes. Il est également membre du comité de pilotage du groupement de recherche Hydrogène, systèmes, piles à combustible.
Dossier ” Tous gonflés à l’hydrogène ” :
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