Tous gonflés à l’hydrogène
GISEMENT. Le chaînon manquant de la transition énergétique. Voilà comment ses promoteurs les plus enthousiastes imaginent le rôle que pourrait jouer l’hydrogène à l’avenir. Ouvrant la possibilité de stocker les énergies renouvelables, cet atome suscite un espoir inédit. Si des freins restent à lever, des usages du quotidien, à la maison ou pour se déplacer, commencent à émerger. Le JT a détecté les prémices de cette révolution verte.
C’est l’élément le plus abondant de l’univers ; 75 % en masse et 92 % en nombre d’atomes. Et si, sur Terre, il ne représente que 0,22 % des atomes, l’hydrogène n’y a jamais été autant au centre des préoccupations. Pourtant, ses vertus sont connues depuis plusieurs siècles et le principe de la pile à combustible date du milieu du XIXe. « C’est que nous sommes à un moment charnière », s’enthousiasme Bertrand Chauvet, président de Seiya Consulting, entreprise de conseil 100 % dédiée à l’hydrogène. « Pour la première fois, les conditions nécessaires à son développement sont réunies : un degré de maturité technologique élevé, une forte demande sociétale, et surtout un modèle économique qui tient la route ».
« Pour la première fois, les conditions nécessaires au développement de l’hydrogène sont réunies »
Un modèle de plus en plus évident à mesure que se vulgarisent les énergies renouvelables, car l’hydrogène permet de les stocker, massivement. « Actuellement, 70 % des énergies renouvelables sont générées lorsque le réseau n’en a pas besoin. En exploitant cette électricité perdue pour faire de l’hydrogène qui sera ensuite retransformé en électricité employée à la demande, on crée de la valeur à partir de rien. Cela permet de désynchroniser le temps de la production de celui de la consommation », développe Bertrand Chauvet.
Le secteur industriel, lui, n’a pas attendu que l’hydrogène se teinte de vert pour l’utiliser. 55 millions de tonnes sont consommées annuellement dans la production d’ammoniac, de chlore, de PVC ou pour désulfurer le pétrole. Soit un marché de 105 milliards d’euros dans le monde reposant quasi exclusivement sur de l’hydrogène gris, généré à partir d’énergies fossiles. « Mais bientôt, les réglementations vont aller vers l’obligation de décarboner les processus industriels. Des entreprises du secteur pétrolier ou de la sidérurgie l’ont déjà fait via de l’hydrogène vert », avance Bertrand Chauvet, dont l’optimisme s’appuie surtout sur les usages émergents de cet atome. Celui des transports en premier lieu. Équipés de piles à combustible, vélos, voitures, trains et même bateaux peuvent fonctionner à l’hydrogène. Un domaine pour lequel la France, ancrée dans la culture du nucléaire, a jusqu’ici plutôt tablé sur les batteries. Autre usage, la cogénération domestique, soit une pile à combustible produisant à la fois de l’électricité et de la chaleur dans les maisons. 200 000 foyers en sont déjà dotés au Japon qui a tout misé sur l’hydrogène après le drame de Fukushima.
« L’hydrogène permet de désynchroniser le temps de la production de celui de la consommation »
En France et en Occitanie, les projets foisonnent tant au niveau de la distribution, avec une douzaine de stations existantes et près de 40 en prévision, que de la production. À partir de biogaz, de biomasse, par électrolyse, vaporeformage ou photocatalyse, une demi-douzaine de techniques permettent de fabriquer de l’hydrogène vert localement. « Il y a même un projet de pissotière autonome car l’urée contient de l’hydrogène », ajoute Bertrand Chauvet.
Un label européen est à l’étude pour en garantir l’origine verte et, en France, le ministre Nicolas Hulot devrait dévoiler dans les jours qui viennent une feuille de route pour une stratégie hydrogène. La première position officielle de la France sur le sujet.
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